Fin de la crise en Thaïlande. Peut-être bien que oui, avec cette montée au créneau de l'armée de ce pays certainement exaspérée par ce qui se passe, et refusant par ailleurs d'aller au charbon à travers une opération de police que l'on sait qu'elle aura lieu avec beaucoup de heurts, les deux parties montrant une très grande détermination. En effet, le chef de l'armée thaïlandaise a demandé hier au Premier ministre d'organiser de nouvelles élections et a enjoint aux manifestants antigouvernementaux d'évacuer tous les endroits qu'ils occupent, dont l'aéroport international de Bangkok. « Ce n'est pas un coup d'Etat », a toutefois déclaré le général Anupong Paojinda en expliquant son intervention lors d'une conférence de presse à la suite d'une réunion urgente de responsables militaires et économiques. Le commandant en chef de l'armée a appelé le Premier ministre Somchai Wongsawat à dissoudre la chambre basse du Parlement. « Nous allons lui envoyer une lettre pour dire qu'il doit dissoudre la chambre et convoquer de nouvelles élections », a déclaré le général Anupong. Il a également appelé les manifestants antigouvernementaux à quitter tous les endroits qu'ils occupent dans Bangkok. Il était peut-être temps, face à cette crise qui a connu mardi une sérieuse escalade avec la fermeture de l'aéroport international de Bangkok, où 3000 passagers étaient bloqués, et des affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement, qui ont fait au moins 11 blessés, dont huit par balles. Pour la deuxième journée consécutive, des milliers d'opposants d'obédience royaliste ont multiplié les actions pour paralyser l'activité gouvernementale et faire tomber le Premier ministre élu Somchai Wongsawat, beau-frère du dirigeant déchu Thaksin Shinawatra. L'opération la plus spectaculaire s'est déroulée dans la soirée lorsque des manifestants antigouvernementaux ont pris d'assaut le terminal de l'aéroport Suvarnabhumi, par où transitent chaque année des millions de touristes. Les passagers ne peuvent quitter le terminal, car les routes d'accès à l'aéroport ont été barrées par des membres de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), principale coalition d'opposition à l'origine des manifestations, dont l'objectif avoué est de renverser le gouvernement, qualifié de « corrompu ». Ailleurs dans Bangkok, des opposants ont ouvert le feu sur des partisans du gouvernement et ont utilisé des barres de fer lors d'affrontements qui ont fait au moins 11 blessés, selon la police et un hôpital. La police a déclaré que huit blessés avaient été atteints par des balles tirées par des manifestants antigouvernementaux. Des images de télévision ont montré deux hommes, portant des brassards jaunes en signe d'allégeance au roi, tirant avec des pistolets, tandis que d'autres activistes, vêtus de tee-shirts jaunes, s'en prenaient à des adversaires à coups de barres de fer. Peu avant ces incidents, l'armée avait réaffirmé qu'elle n'avait pas l'intention de s'emparer du pouvoir. Un peu plus tard, le vice-Premier ministre thaïlandais Chavarat Charnvirakul a déclaré que le gouvernement était prêt si nécessaire à faire appel à l'armée, mais a appelé au retour du calme dans tout le royaume. « J'ai demandé au chef de l'armée et au chef de la police de nous aider à nous occuper de la situation », a dit M. Chavarat sur la chaîne de télévision NBT contrôlée par l'Etat. « Nous ne lancerons pas d'affrontements. Nous tenterons de discuter. Le gouvernement s'efforcera de maintenir la sécurité », a déclaré M. Chavarat, qui assurait mardi la direction par intérim du gouvernement, le Premier ministre Somchai n'étant pas encore rentré du sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) qui s'est tenu à Lima. Dans l'avion qui le ramenait vers la Thaïlande, M. Somchai a une nouvelle fois rejeté les appels à sa démission et a accusé la PAD de mener une « rébellion ». M. Somchai est le beau-frère de M. Thaksin qui avait été renversé en septembre 2006 par des généraux royalistes. Les lieutenants de M. Thaksin sont revenus au pouvoir à la faveur d'élections législatives en décembre 2007, les premières depuis le putsch de l'année précédente. Des milliers de manifestants avaient déjà encerclé lundi le Parlement de Bangkok et forcé l'ajournement d'une importante session. Dans l'après-midi, le commandant en chef de l'armée, le général Anupong Paojinda, a réaffirmé qu'un coup d'Etat ne pouvait pas « régler les problèmes du pays ». Mais les données ont été bousculées, amenant l'armée à revoir sa position de neutralité. C'est la fin du round d'observation. Elle a certainement perçu la grave dérive.