Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a estimé, jeudi dernier sur les ondes de la Chaîne III, que la construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA) a « très peu avancé sur le plan politique ». Il considère qu'« il y a des questions qui font que l'UMA ne peut se concevoir en dehors de certaines raisons politiques, à savoir le conflit du Sahara occidental ». Le ministre algérien est formel, il ne peut y avoir de construction maghrébine sans le règlement de la question « fondamentale » du Sahara occidental. Au sujet de la résolution de ce conflit, M. Messahel souligne la position inchangée de l'Algérie en faveur d'un règlement sous l'égide des Nations unies, respectant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Tout en relevant que le processus de négociation entre le Font Polisario et le Maroc n'a pas avancé, M. Messahel a plaidé pour la nomination d'un nouveau représentant personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental « le plus tôt possible » afin « de mettre en œuvre la solution de l'autodétermination du peuple sahraoui ». Le ministre algérien précise en outre que « le moment est venu pour que les Nations unies, qui ont un devoir moral et qui sont garantes du droit des peuples à l'autodétermination, mettent la pression et leur poids sur les parties pour faire avancer les négociations et aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui ». Abdelkader Messahel soutient par ailleurs que l'Algérie a de tout temps travaillé pour la construction maghrébine. « Nous avons toujours envisagé notre avenir avec celui des autres pays de la région », dit-il. Ceci en notant que le deuxième handicap entravant la construction de l'UMA est lié au fait que « les pays de la région ont très souvent fait des politiques économiques chacun de son côté ». M. Messahel souligne que l'Algérie est pour la constitution d'une communauté économique maghrébine. « j'espère que nous y arriverons un jour », confie-t-il. Le même responsable est revenu sur les travaux de la 17e commission mixte algéro-tunisienne, pour s'arrêter sur la signature de l'accord lié à l'établissement d'une zone de libre-échange entre les deux pays à l'horizon 2009-2010. « C'est un accord qui ouvre la voie à une zone où les produits feront l'objet de listes et d'accords entre les deux pays. Cela va booster un peu plus les échanges commerciaux entre les deux pays qui dépassent déjà 500 millions de dollars », indique M. Messahel. Le sommet sahélo-saharien début 2009 Autre accord prometteur parmi les 8 signés, celui lié à « la prise en charge des communautés algériennes en Tunisie et tunisiennes en Algérie pour qu'elles puissent vivre dans de bonnes conditions », note-t-il, précisant que l'intégration maghrébine commence par deux pays. « Nous souhaitons aller loin et avoir ces connexions avec un deuxième pays, un troisième et un quatrième », précise-t-il. Le ministre, Abdelkader Messahel, a annoncé que le sommet des chefs d'Etat des pays du Sahel, devant se dérouler dans la capitale malienne Bamako, se tiendra au début de l'année 2009. « Ce sommet abordera les différentes menaces sur la sécurité de la région, que ce soit le terrorisme, le grand banditisme, le trafic d'armes ou les migrations clandestines. Il s'agira pour les pays de la région d'aboutir à une stratégie commune et à un plan d'action de lutte contre ces fléaux », précise le ministre algérien, notant que les six pays ont les moyens de faire face à la menace terroriste à condition que chacun s'y mette. Ce dernier note en outre que « nul ne peut faire face seul à cette menace aux différentes facettes. Nous devons créer des synergies entre nous ». Evoquant le trafic d'armes, M. Messahel indique que la résolution de certains conflits est une heureuse nouvelle mais qui peut engendrer la circulation d'armes. « Le terrorisme et le grand banditisme s'approvisionnent en armes légères à l'issue des conflits résolus. Nous devons donc évoquer toutes ces questions en vue d'arriver à une solution commune », dit-il. La sécurité dans la région passe aussi par le développement de ces zones sahéliennes souvent laissées pour compte : « Il faut créer les conditions pour une intégration économique de la sous-région. Du côté algérien, nous faisons en sorte de développer les zones transfrontalières pour participer au développement de la région, à travers le financement de certains projets dans le nord du Mali et celui du Niger », note le ministre.