Les syndicalistes algériens sont désormais habitués à ce genre de pratiques : la décision de suspendre la grève des médecins par la justice n'a guère surpris les responsables de la Coordination nationale des syndicats autonomes. « Nous avons appris cette décision de justice par le biais des journaux. Nous n'avons, pour l'heure, reçu aucune notification. La grève est, de ce fait, maintenue », nous a dit le docteur Yousfi, représentant du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). Il a enchaîné : « Ce qui est malheureux, c'est que cette décision intervient au moment où nous demandons l'ouverture du dialogue. » Cette décision de justice témoigne, d'après lui, du mépris que les pouvoirs publics éprouvent envers l'élite de ce pays. Le représentant du Snpssp rappelle que le ministère de la Santé n'en est pas à sa première saisine de la justice contre un syndicat autonome. Il tient à préciser que le syndicat des praticiens spécialistes a été le premier à avoir fait l'objet d'une cabale judiciaire en 2004. Un acte qui représente, à ses yeux, « une fuite en avant ». « Dans tout pays qui se respecte, il suffit que 1% de leur élite bouge pour qu'ils soient écoutés. En Algérie, les médecins sont traités comme des criminels », s'est-il indigné. La coordination avait, auparavant, lancé un appel au Premier ministre. Peine perdue. « Les représentants du ministère de la Santé nous ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire pour la résolution de nos problèmes. Mais ils trouvent quand même le moyen de nous poursuivre en justice. Ce sont des moyens dépassés, d'un autre âge », a souligné le représentant du Snpssp. Face à cette « hogra » – dixit Dr Yousfi –, les médecins affiliés à la coordination sont encore plus déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation. La grève, souligne M. Yousfi, est suivie avec la même ferveur. « C'est un mouvement inscrit dans la durée. Nous allons bientôt décider de la suite à donner à notre mouvement de protestation », a encore dit notre interlocuteur. Le porte-parole de la coordination, le docteur Lyès Merabet, a souligné, dans un entretien téléphonique, que la revendication principale des syndicats de la santé publique reste l'ouverture du dialogue. « Il est nécessaire que nos syndicats soient considérés comme des partenaires à part entière. Il n'est, par ailleurs, pas normal que le point indiciaire soit figé à 45 DA qui est bien en deçà de nos besoins », clame-t-il. Lyès Merabet, qui est également secrétaire général du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), met en exergue l'incongruité de la situation actuelle : les primes et les indemnités sont ainsi calculées sur la base de l'ancien salaire de base. Le représentant de la coordination reste néanmoins optimiste : « Nous gardons toujours espoir. Nous sommes persuadés que nos problèmes trouveront une issue favorable. Mais le refus de tout dialogue pourrait envenimer les choses. Dans les assemblées générales, les médecins se disent prêts à répondre à une grève ouverte. » Bien que cette grève ait été déclarée « illégale », les blouses blanches maintiennent leur série de rassemblements. Un sit-in aura ainsi lieu aujourd'hui à Beni Messous et mercredi au CHU Mustapha Bacha.