Aujourd'hui, près de quatre ans après l'assassinat de Guermah Massinissa, la Kabylie n'est peut-être plus en crise, mais elle vit les conséquences et les séquelles de trois années d'instabilité. Le chef du gouvernement, qui n'a plus reparlé du dialogue et de la crise de Kabylie depuis l'élection présidentielle d'avril dernier, donnant l'impression d'avoir abandonné la région à son triste sort, redécouvre en ce début d'année que la plate-forme d'El Kseur n'est toujours pas satisfaite et veut relancer un processus qu'il a lui-même fait échouer en refusant le principe d'une officialisation de tamazight sans référendum. Pour nombre d'observateurs, c'est une aubaine pour le mouvement des archs, qui, depuis des mois, tente tant bien que mal de maintenir une certaine présence sur le terrain. Aujourd'hui, certains se demandent ce que représentent réellement les archs en Kabylie étant donné que depuis huit mois (depuis avril 2004) leur activité s'est réduite à quelques apparitions publiques lors de manifestations de soutien aux journalistes ou pour soutenir les détenus de T'kout ou du Sud. En décembre dernier, l'appel à une grève générale des commerçants de la ville de Tizi Ouzou a été un grand succès pour ses initiateurs. Il est clair que le mouvement des archs en 2005 n'a rien à voir avec celui de la fin 2003-début 2004. D'ailleurs, même leurs conclaves n'attiraient plus autant de monde que par le passé. Alors que la classe politique n'arrive plus à se remettre de la « douche froide » de la présidentielle, les délégués des archs constituent-ils les seuls interlocuteurs valables et crédibles en Kabylie ? Pas sûr ! Parce que réduire aujourd'hui comme hier la crise en Kabylie à une simple mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur ne veut rien dire si au demeurant on oublie que la Kabylie a vécu un drame humain, avec plus de 125 morts et que quatre ans plus tard aucun des auteurs des crimes commis n'a été jugé et condamné. La Kabylie subit aussi les conséquences des divisions internes et des querelles intestines de ses forces politiques et sociales (archs, partis, militants, syndicats...) qui ont aujourd'hui intérêt à trouver les passerelles nécessaires pour s'unir et convaincre la population de continuer à leur faire confiance pour l'aboutissement d'un combat pour lequel tant de sacrifices ont été consentis. Ce samedi, les animateurs des archs qui ont accueilli favorablement l'invitation du chef du gouvernement, y décelant des signes positifs, alors qu'ils sont les premiers à dire que l'accord signé en janvier 2004 n'a jamais été appliqué dans son intégralité, se retrouveront à Tizi Ouzou pour étudier cette nouvelle offre de dialogue.