Les élèves du CEM Zinedine, collège situé au cœur de la ville de M'sila, ne suivent plus leurs cours dans des conditions normales, car privés du minimum vital. Une situation qui n'a pas cessé de s'aggraver jusqu'à devenir insoutenable. En effet, cet établissement est non fonctionnel de par l'état de la bâtisse qui risque l'effondrement, le déficit flagrant en mobilier scolaire et l'absence totale de sanitaires. Si les filles se retiennent, nous dira un collégien rencontré dans la cour, nous les garçons, on ne s'embarrasse pas à nous isoler dans l'enceinte de l'établissement pour nous soulager. C'est l'ensemble des structures du collège qui est affecté, où classes (au nombre de 10) et les laboratoires ne sont plus en mesure d'accueillir des élèves : leurs toits sont de véritables passoires. Lors de journées de pluie, les classes sont évacuées, car l'eau coule de partout, envahit les sols, laboure les murs et s'incruste dans le système électrique, engendrant auprès des élèves et des enseignants un sentiment de peur. L'autre facteur qui a rendu cet établissement pour ainsi dire infréquentable est le manque de mobilier scolaire. De ce fait, plus de trois cent élèves sur les 846 que compte le collège Zinedine ne suivent plus leurs études à cause du manque de chaises. A force de suivre leurs cours debout et ne voyant aucune livraison de chaises arriver, ces élèves, nous affirme-t-on, ont préféré ne plus venir en classe. On a vu des élèves assis sur des chaises « atrophiées », l'enseignant lui-même n'a parfois ni chaise ni bureau. Un enseignant rencontré sur les lieux nous dira que les conditions minimales ne sont pas réunies pour enseigner dans un CEM où plus de 300 chaises manquent. « Enseigner dans un établissement de ce genre, a-t-il lancé, c'est la galère au quotidien. » Le mobilier utilisé par les élèves, aussi bien les tables posées sur leurs genoux que les bancs défoncés, n'incitent aucunement à la poursuite des études, surtout quand les autorités de la wilaya, nous dira un surveillant, font la sourde oreille devant tant de défaillances et que même le mouvement de grève de deux jours observé en octobre dernier n'a aucunement incité ces mêmes autorités à agir. Lors de notre passage au collège dans la matinée du 4 janvier où pas moins de 846 élèves poursuivent théoriquement leurs études, il n'y avait ni directeur ni surveillant général. Le CEM renvoie en fait l'image d'un établissement en état d'abandon et rien n'est entrepris pour le rendre fonctionnel. Ses 846 élèves semblent vivre dans l'illusion d'être au collège sans pour autant y suivre réellement leurs études.