Les hospitalo-universitaires ne succombent pas à l'attrait de la rétribution liée aux activités de la santé qui leur a été concédée, jeudi dernier, par le ministère de la Santé. « C'est un acquis et nous le prenons. Mais notre combat porte sur des objectifs plus importants pour notre profession », déclarent les enseignants hospitalo-universitaires affiliés aux deux syndicats. Réunis en assemblée générale, hier à Alger, ils décident, après un long débat, de maintenir la pression sur leur tutelle directe : le ministère de l'Enseignement supérieur. En effet, les nombreux présents dans la salle de conférence du CPMC de l'hôpital Mustapha ont voté unanimement pour la reconduction de la grève de l'enseignement et adhèrent également au débrayage décidé par la Coordination des syndicats de la santé pour le 17 janvier prochain. Il est donc certain que la grève des enseignants hospitalo-universitaires se poursuivra pour au moins quinze jours supplémentaires. La décision n'a pas été prise facilement. Le versement de la rétribution liée aux activités de santé, décidée à l'issue d'une réunion entre les deux ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé et les représentants syndicaux, s'est taillé la part du lion lors de cette AG. Cette indemnité, majorée de 15000 à 24 000 DA, est considérée comme un acquis par les syndicalistes, mais « elle ne constitue pas un argument suffisant pour la démobilisation ». Les avis concernant la suspension du mouvement de grève étaient partagés. Alors que le professeur Baghriche et quelques intervenants plaidaient pour la suspension momentanée de cette action tout en maintenant le dialogue avec la tutelle, la majorité de leurs collègues étaient intransigeants. « Si l'on arrête la grève aujourd'hui, avant même d'obtenir nos revendications principales, nous allons casser la mobilisation », estiment-ils. Pour eux, le ministère de l'Enseignement n'a fait aucune concession. « La rétribution a été accordée par le ministère de la Santé. Et même cette rétribution n'est pas acquise définitivement, puisqu'elle dépend encore d'une volonté politique. Seuls le Premier ministre et le chef de l'Etat peuvent rendre effective cette indemnité », expliquent-ils encore. A ce sujet, Nasser Djidjelli et Noureddine Zidouni, respectivement secrétaire général et président du SNPDSM, précisent que le ministère de la Santé s'est engagé à signer un décret exécutif devant mettre en œuvre cette indemnité. Les étudiants très inquiets Les intervenants insistent, en particulier, sur l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire. « Notre statut particulier est prêt depuis deux ans. Alors, nous ne comprenons pas pourquoi nous devrons attendre jusqu'à la finalisation de tous les statuts des différents secteurs de la Fonction publique pour ouvrir les négociations sur le régime indemnitaire », soulignent les syndicalistes, en invitant les membres du bureau du syndicat à exiger une échéance pour l'ouverture desdites négociations. Les hospitalo-universitaires s'interrogent, dans ce sens, sur les raisons ayant conduit les pouvoirs publics à augmenter par conséquent les salaires des magistrats et à refuser d'en faire de même avec ceux des enseignants des sciences médicales. « Notre paie est une honte », lance un enseignant. A l'ouverture de cette AG, les représentants des syndicats ont invité les délégués des étudiants, Himer Yazid et Bentoumi Yasmine, à prendre la parole pour exprimer leurs doléances. Ces derniers affirment que les étudiants « sont plongés dans un désespoir sans précédent ». « Nous refusons d'être des victimes et nous ne pouvons pas accepter l'idée d'une année blanche », lancent-ils à leurs professeurs, en exigeant un plan de rattrapage pour les cours et les examens ratés jusque-là. Avant de lever la séance, les syndicalistes se sont entendus pour tenir une nouvelle assemblée générale samedi prochain.