Les ténors, les mythiques Nass El Ghiwane, se sont produits sur la scène de Salé (sala en arabe) devant des milliers de personnes, des jeunes qui connaissent leur répertoire par cœur. La formation Nass El Ghiwane, celle que le réalisateur américain Martin Scorsese surnomme «Les Rolling Stones du Maghreb et du monde arabe», est toujours bon pied bon œil. La preuve, Omar Seid et «bande» ont prouvé qu'ils juraient avec la gérontologie. De vieux briscards, certes, mais toujours aussi verts. Les voix (plus celle de leur cadet, Hamid Batma), le son, le beat, la magie sont là, et intacts. Une foule des grands jours de l'espace dédié à la scène marocaine de Salé (sala) — lors du Festival Mawazine-Musiques du monde qui se tient du 22 au 30 juin 2018, à Rabat, à travers six scènes en plein air — a accompagné les titres phares de ce groupe de légende. : Ah Ya Moulana, Mahmouma, Fine Ghadi Biya Khouya, Wah N'na Homa, Siniya, Ya Bani Insan ou encore Siniya. Et celui qui chauffait le public en l'invitant à chanter avec eux, bien sûr, c'est le charismatique Omar Seid, le sage. «Matoub lounès, nous avait organisé un concert à la Coupole» «Nous, Nass El Ghiwane, nous nous comprenons avec la jeunesse. Des jeunes de moins de 18 ans connaissent parfaitement les paroles des chansons de Nass El Ghiwane. Ce sont mes propres petits-enfants. C'est comme cela que je les appelle. C'est grâce au Festival Mawazine, avec toute cette logistique et tous ces gros moyens, qui a permis cette rencontre de plusieurs générations. C'est la mémoire et le patrimoine marocains qui nous ont marqués et inspirés. Le terroir existait avant nous. Nous n'avons rien inventé. Seulement, Nass El Ghiwane ont été chercher cette mémoire, ce patrimoine. Nous avons creusé un peu....» indiquera Omar Seid, figure historique de Nass El Ghiwane. A propos de la popularité de Nass El Ghiwane en Algérie, Omar Seid confiera à El Watan : «Je le sais. Pourquoi ne le saurais-je pas ? Tous les jours, des Algériens, mes frères, mes enfants me contactent. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Nous nous rendions en Algérie depuis 1968. Depuis que j'étais comédien avec Tayeb Saddiki. Nous avions rencontré Mustapha Kateb. J'étais même parti en France m'enquérir sur la santé du grand comédien Rouiched, alors hospitalisé à Paris. Je connais Omar Edebah, Sid Ali Kouiret, un autre grand acteur. Abdelkader Alloula, le dramaturge. Ce monsieur, nous a beaucoup aidés. Nous avions composé une chanson en hommage à Abdelkader Alloula. J'ai été affecté par la disparition d'un grand maître que vous avez en Algérie, El Hadj El Hachemi Guerrouabi. Vous savez, je suis son élève. Il a une telle clarté et prosodie dans la diction du qcid de chaâbi (textes) que nulle personne ne possède. Et aussi, Matoub Lounès, ‘‘al hadhim'' (le grand). C'est lui qui a organisé un concert de Nass El Ghiwane à la Coupole (Mohamed Boudiaf, du stade olympique du 5-Juillet), à Alger. Notre dernier concert en Algérie, c'était sur son initiative. Matoub Lounès nous avait ‘‘chouchoutés''.» Il nous avait offert chacun un gros paquet de dattes. Ce monsieur, Matoub Lounès, je ne l'oublierai jamais. Transmettez nos salutations au peuple algérien tout entier. «Chronixx», un rastaman à Bouregreg Mawazine a connu encore une autre journée l'affluence avec la venue de deux des plus grands représentants du courant hip-hop français : Niska, 24 ans, collaborateur de maître Gims et rappeur le plus talentueux du moment, et Damso, repéré par Booba et dont la carrière a décollé dès 2015. Devant les festivaliers, les deux stars montantes ont fait preuve d'un incroyable talent de «showmen» en livrant pendant plus d'une heure et demie des compositions aux influences diverses... Le tout sous les acclamations de la foule, qui a dansé toute la soirée ! A Bouregreg, la scène africaine, c'est une autre figure, venue du reggae, qui a ébloui le public. Né à l'est de Kingston, Chronixx, alias Jamar McNaughton, a fait irruption sur la scène mondiale il y a quatre ans avec la sortie de son EP Dread & Terrible et sa première apparition sur le fameux «The Tonight Show», avec Jimmy Fallon sur NBC. Depuis, l'artiste remplit les salles aux quatre coins du monde. Ce fut le cas à Rabat, avec sa prestation qui n'a laissé personne indifférent... Ce même soir, toujours au Bouregreg, c'est la révélation du Festival We Love Green, le duo parisien Tshegue, composé de Faty et Dakou, qui a été l'une des sensations musicales du moment. Entre rythmes afro, rock et transe, le groupe a proposé une musique en phase avec notre époque, racontant entre les lignes la modernité urbaine et le terreau ancestral dans une transe insensée qui a touché le corps et l'âme des festivaliers. Sur la scène orientale de l'espace Nahda, ce sont les stars égyptiennes, Bosy et Mohamed Hamaki, qui ont fait le show en entonnant leurs plus grands tubes. Venu d'Argentine, le célèbre guitariste Fernando Pablo Egozcue, a, quant à lui, merveilleusement combiné le répertoire classique et les influences du jazz et de la musique contemporaine, à l'occasion d'un concert très suivi au Théâtre national Mohammed V. De cordes, il a aussi été question au Chellah, où Amir John Haddad a mis à l'honneur les chants du flamenco en pratiquant avec virtuosité la guitare, mais aussi le oud, le bouzouki, le saz turc, le banjo ou encore la basse. Au programme, de flamboyantes histoires aux sons virtuoses, accompagnées de la voix puissante d'Eva Duran. Mawazine, c'est aussi les spectacles de rue. Les rues de Rabat ont été investies par de superbes troupes marocaines : Timing Boys, qui a réuni une dizaine de percussionnistes sur des rythmes effrénés de samba, hip-hop, salsa, house et chaâbi, et groupe Soleil, composé d'acrobates et d'échassiers formés à l'Ecole nationale de Cirque Shems'y.