L'ensemble des opérations (achat ou paiement via le Net) donne le nombre dérisoire de 230 000 actes, et 12 000 commerçants seulement disposent des TPE sur un total de 1,5 million recensés en Algérie. L'économie numérique en Algérie a été au centre d'un séminaire national organisé par l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa, au campus d'Aboudaou, qui a été clôturé hier par une série de recommandations. Les communications ont porté sur la transformation numérique en Algérie, les enjeux du commerce numérique et les défis d'adaptation des entreprises, de la formation et de l'arsenal juridique à l'économie numérique dans le cadre de l'émigration de l'Algérie de l'économie conventionnelle vers l'économie numérique. Cette option en est à ses balbutiements, comme le démontrent les communicants, notamment sur le volet du e-paiement. Bien que le citoyen algérien soit prédisposé, à travers son intérêt pour internet, à adopter ce nouveau mode de fonctionnement du marché, il n'en demeure pas moins que ce dernier reste sceptique face aux systèmes numérique et bancaire et à l'arsenal juridique obsolètes, mais qui demeurent nécessaires pour que le pays se lance dans le tout numérique. L'objectif de ce séminaire s'inscrit dans le cadre de «l'accompagnement, par les universités, des efforts engagés par les pouvoirs publics dans la création d'un écosystème favorable au développement de l'économie numérique en Algérie», a déclaré Moussa Boukrif, professeur à l'université de Béjaïa à l'ouverture de cette activité scientifique. «C'est dans cette optique, ajoute-t-il, que les invités débattront des conditions mises en place pour le développement de cette économie». Lors de sa communication, sous le thème «La banque, l'une des variables de l'équation e-paiement», l'ex-directeur régional de la CNEP-Banque, Belkhir Cherif, a indiqué que «l'ensemble des opérations (achat et paiement via le net), qui ont été effectuées auprès de ces fournisseurs web-marchands, et les payements effectués à travers les 12 000 TPE, donnent le nombre dérisoire de 230 000 opérations». Le conférencier précise encore que ces «230 000 payements sont la somme des paiements enregistrés auprès des web-marchands qui sont les grands facturiers, comme Sonelgaz, l'ADE ainsi que les trois opérateurs de téléphonie mobile qui offrent la possibilité à leurs clients de régler leurs factures à travers leur site internet». La généralisation des cartes bancaires concerne seulement près de 6 millions d'Algériens, selon un organe de régulation bancaire national, dont 4 millions ont été distribuées par la Poste et 1,5 million sont fournies par les banques. Il faut noter que contrairement aux pays développés, en Algérie ce sont les établissements financiers qui vont vers le client afin de lui fournir une carte CIB, non parce que cela travaille seulement l'intérêt de l'institution elle même. Le passage à l'e-paiement soulagera les agences bancaires du point de vue du gain de temps et de la qualité du service fourni aux clients au niveau de l'accueil. Pour le tout numérique La sensibilisation et cette marche forcée, mais nécessaire, vers le tout numérique, incluent les commerçants. Mais d'après les chiffres avancés par le banquier, l'installation des TPE, qui est le moyen de payement par carte dans les commerces, est très timide. «Sur les 1,5 million de commerçants répertoriés au niveau du registre du commerce, seulement 12 000 commerçants possèdent des TPE en Algérie», conclut l'orateur. Au-delà des autres plateformes numériques nécessaires pour le développement, sur lesquelles sont revenus les participants, afin d'optimiser l'utilisation de l'internet dans l'économie, les risques et les menaces sur les transactions et les données personnelles ont été abordés par les représentants de la Gendarmerie nationale. Il ressort de l'exposé de l'officier Mebouhi Samir, de l'Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie nationale, sis à Alger, que 419 cas d'escroquerie et de fraude à la carte fiscale ont été enregistrés. L'orateur s'est étalé sur les moyens et les efforts de ce corps de sécurité dans la lutte contre la cybercriminalité et l'accompagnement de la migration de l'Algérie du commerce conventionnel vers le e-commerce. Sur le plan juridique, un projet de loi est en préparation pour réglementer le marché numérique et protéger les données personnelles des consommateurs algériens. Une loi qui date de 1998 prévoit, néanmoins, selon Benmiloud Hind, avocate et spécialiste des aspects liés aux nouvelles technologies de l'information et des communications (TIC), les conditions dans lesquelles doivent se passer les transactions. La juriste a plaidé, dans ses recommandations, pour la publication du texte sur la protection des données personnelles et la mise en place d'une unité de contrôle, ainsi que la création d'agences de sécurité des systèmes d'information dans le cadre d'une stratégie nationale qui prend en compte l'environnement politique, économique et numérique du pays.