Une importante opération de rapatriement de 424 migrants subsahariens, dont 205 enfants, majoritairement nigériens, a été menée jeudi et vendredi derniers par les autorités algériennes. Il s'agit de la 42e en moins de trois ans, durant laquelle quelque 33 000 migrants subsahariens ont été rapatriés. Regroupés au centre de transit de Zéralda, à l'ouest d'Alger, 424 migrants subsahariens, dont 110 femmes et 205 enfants, ont pris la route, jeudi dernier en fin de journée, vers Tamanrasset. Un important dispositif sécuritaire et sanitaire a été déployé pour assurer les bonnes conditions de ce voyage de 36 heures. C'est la 42e opération de rapatriement de migrants subsahariens, depuis près de trois ans, qui voit pour la première fois la présence des représentants de l'OIM (Organisation internationale de la migration) et du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés). Femmes enceintes, enfants, nourrissons et adolescents font partie de cette expédition, mais à contrecœur. Majoritairement du Niger, ils repartent chez eux avec un pincement au cœur et certainement, beaucoup d'entre eux vont refaire le même trajet pour revenir en Algérie, dès leur arrivée chez eux. Lors des trois escales à Laghouat, Ghardaïa et In Salah, tous les voyageurs passent par une visite médicale déterminant s'ils doivent rester ou poursuivre le voyage. Déjà deux Subsahariens, l'un avec une double fracture et l'autre atteint d'une maladie, ont été évacués vers l'hôpital, pour subir des opérations chirurgicales. Les images de ces nombreuses petites filles et de ces enfants en bas âge, accrochés à leurs mères, illustrent parfaitement le drame humain que subissent les populations de migrants, prises en otages par des réseaux de passeurs sans foi ni loi. Une image qui n'a pas laissé insensible le représentant de l'OIM, Pascal Reyntjers, très ému par leurs témoignages. S'exprimant devant les nombreux journalistes qui étaient du voyage, il affirme : «Je pense que le plus important est la prise en charge de cette population qui a besoin de soins. J'ai vu une mobilisation importante pour assurer les soins aux migrants, dont deux ont été gardés pour être hospitalisés et subir une intervention.» Interrogé sur les réseaux de passeurs qui font des migrants un produit de commerce, Reyntjers déclare que son organisation, présente dans 14 pays de l'Afrique de l'Ouest, a collecté des témoignages qui confirment «l'utilisation dramatique de la détresse humaine». Il plaide pour une lutte implacable contre ces passeurs, qui évoluent et changent les routes. Il met l'accent sur le partenariat entre tous les pays concernés qui, selon lui, reste la solution idoine pour éradiquer ce fléau. Interrogé sur les accusations de mauvais traitements des migrants clandestins par l'Algérie, le représentant de l'OIM commence par mettre les points sur les «i» : «Nous ne sommes pas là pour accuser les uns ou les autres, mais pour avoir une idée sur l'organisation de telles opérations en Algérie. Nous avons diverses sources qui nous rapportent des témoignages. Mais nous ne sommes pas là pour juger. Nous sommes là pour tenter de sauver des vies humaines.» Le responsable insiste sur le partenariat international, seul moyen, dit-il, de «mettre un terme à cette détresse humaine. Les témoignages, que nous avons collectés ici même et ailleurs, démontrent que les migrants sont les otages de passeurs. Nous sommes pour des partenariats et des politiques des Etats pour la prise en charge de ce phénomène». Hier en fin de journée, le cortège des bus n'avait toujours pas atteint In Salah. Nous y reviendrons...