Face aux actes de barbarie perpétrés par l'armée israélienne contre les Palestiniens de Ghaza depuis plus de deux semaines, des voix d'organisations non gouvernementales des droits humains et des collectifs d'avocats du monde arabe et d'ailleurs s'élèvent pour demander l'ouverture d'une enquête internationale sur « les crimes de guerre » commis à Ghaza par Tsahal. L'idée fait de plus en plus son chemin en vue de porter plainte devant les juridictions internationales contre les dirigeants israéliens qui ont ordonné la guerre contre les populations et les installations civiles à Ghaza ; des actes d'une extrême gravité qui entrent dans le registre des crimes de guerre sévèrement réprimés par le droit international. Un représentant de la Ligue arabe des droits de l'homme, qui s'exprimait dimanche sur la chaîne qatarie Al Jazeera, a admis clairement que tous les éléments d'un dépôt de plainte, avec preuves matérielles documentées à l'appui, existent pour déboucher sur une condamnation des dirigeants israéliens qui ont planifié et prémédité ces crimes de guerre. Quand on bombarde sans discernement des enfants, des femmes, des civils, que l'on prend en otage dans une maison, des infrastructures civiles, des hôpitaux, des écoles battant de surcroît pavillon onusien, des mosquées, quand on empêche des populations civiles de fuir les bombardements et la guerre en fermant toutes les frontières avec Ghaza, notamment l'unique porte de sortie que constituent les points de passage vers l'Egypte, tous ces « hauts faits de guerre » israéliens ont un nom au regard du droit international : ce sont des crimes de guerre. Les dirigeants israéliens ont beau essayer de justifier les atrocités commises contre les populations civiles en rejetant la responsabilité sur le Hamas qui utiliserait, selon eux, les civils comme boucliers en se réfugiant dans les mosquées et les hôpitaux, l'argument ne convainc plus. Même dans les rangs des alliés et des amis d'Israël qui découvrent qu'il est allé cette fois-ci très loin dans son aventure guerrière, se permettant même « le luxe » d'expérimenter de nouvelles armes chimiques – des bombes au phosphore blanc – qui occasionnent des dégâts et de graves complications sur les civils devant lesquels le personnel médical demeure impuissant. Une prise de conscience nouvelle Alors que des bourreaux sont rattrapés par l'histoire et rendent des comptes devant le Tribunal pénal international (TPI), comme on l'a vu avec les tragédies de la Bosnie et du Rwanda – pour ne citer que ces deux dossiers qui ont choqué l'opinion internationale de par le caractère génocidaire des crimes commis –, Israël, qui pratique un terrorisme d'Etat, n'a jamais été inquiété pour les multiples boucheries commises par son armée au Moyen-Orient, notamment au Liban contre les réfugiés palestiniens et en Palestine occupée. Israël a toujours bénéficié d'une impunité totale grâce à la complicité des capitales occidentales et des Etats-Unis qui invoquent la prétendue légitime défense de l'Etat d'Israël qui a pollué les débats sur la question palestinienne dans les instances internationales depuis le début du conflit. Toutes les attaques qu'Israël a eu à lancer contre les Palestiniens sous forme de raids sporadiques ou d'assassinats ciblés visant des dirigeants palestiniens ou contre ses voisins, comme lors de la dernière guerre contre le Liban, ont eu l'onction des grandes puissances. Faudra-t-il alors désespérer de voir un jour le Premier ministre Ehud Olmert, le ministre de la Défense Ehud Barack et avant lui Sharon répondre de leurs crimes devant un tribunal international ? Il est vrai qu'Israël ce n'est pas la Bosnie ni le Rwanda, que le combat sera difficile, mais il finira bien un jour par aboutir. La mobilisation sans précédent de l'opinion publique internationale qui n'a jamais autant manifesté aux quatre coins du monde – y compris dans les capitales occidentales où vit une importante communauté juive – son rejet et sa ferme condamnation de la barbarie de l'agression israélienne contre les populations civiles palestiniennes est déjà en soi une avancée remarquable dans le sens de la prise de conscience universelle que les droits de l'homme et la force du droit finiront par triompher de la barbarie et des velléités d'oppression, de domination des peuples et des territoires par les F16 et les bombes au phosphore blanc. L'expérience de l'humanité nous a appris que ce sont les peuples et non les dirigeants qui font l'histoire. Le sinistre boucher Sharon a failli tomber dans les mailles de la justice belge qui voulait le juger au nom de la compétence universelle avant de s'extirper grâce à une pirouette judiciaire aux relents politiques évidents. Les collectifs d'avocats et les organisations non gouvernementales des droits de l'homme qui veulent rompre le cercle de l'impunité d'Israël ont présent à l'esprit ce précédent qui leur donne une motivation et une raison supplémentaire de croire que ce combat pour la justice et la dignité humaine n'est pas surréaliste et vaut d'être mené.