Le moudjahid Azzoug Mourad nous a quittés vendredi dernier à l'âge de 83 ans. Il a été enterré au cimetière Djenan Seffari, à Birkhadem, en présence des membres de sa petite et de sa grande famille, de ses amis et de ses compagnons d'armes. Epris des valeurs de liberté et de bravoure, Mourad Ath Ourezki a été élevé dans l'un des terreaux du combat libérateur, le village de Thougenseft, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, qui a vu naître également Amar Akkache, qui fut le valeureux commandant Moussa de l'Armée de libération nationale. Le jeune engagé de l'ALN a signé ses premières tentatives d'attentat dans l'un des postes avancés de l'armée coloniale, à Aït Toudert ; le patriote Mourad Azzoug a sillonné les villages de Kabylie, de la région d'Igawawen à Ath Djennad, à la Soummam, jusqu'au fin fond des Babors, en multipliant ses hauts faits de guerre avec courage et détermination. C'est au cœur du massif montagneux de Kourietha Ouacif, zone qualifiée dans le jargon des moudjahidine de «dangereux secteur» que les opérations des djounoud de l'Armée de libération nationale ont ébranlé la machine de guerre coloniale. En mai 1956, un autre fait de guerre qui restera gravé à jamais dans les annales de la Révolution de Novembre, la préparation de l'opération de l'assassinat du capitaine de Ouacif, Jean Lhot, une action qui a ciblé un des personnages les plus féroces dans tout le Arch de Ath Saâdka. Cet attentat a servi de prétexte à l'armée coloniale pour entamer une vaste action de représailles et d'évacuation, le village de Thougenseft a été à cet effet le premier évacué, ses habitants ont été livrés à l'errance, à la misère et à l'internement dans les centres SAS. La Wilaya IV historique représente pour le jeune patriote le cœur palpitant du combat libérateur, une région où il a réussi plusieurs opérations de sabotage des sites militaires, ainsi que plusieurs actes héroïques menés conjointement avec d'autres frères d'armes. Après l'indépendance et dans la tourmente de l'été 1962, Si Mourad a manifesté son refus de l'autoritarisme et du zaïmisme en se rangeant aux côtés des militants du FFS et de tous ceux qui portaient la démocratie dans leur cœur. Une position digne et honnête, qui se traduira tout au long de son parcours, et ce, malgré la politique répressive et l'emprisonnement. Durant les années quatre-vingt, Mourad Azzoug a continué à servir l'Algérie éternelle, notamment dans le secteur économique, où il a réussi à assurer l'autosuffisance en matière de seringues et toute une variété de consommables médicaux, et ce, au niveau de la région d'Alger, sa société Armedic a été leader, portant haut et fort les revendications du pôle de l'industrie pharmaceutique dans le cadre du syndicat des producteurs du matériel médical. L'idéal africain a été aussi l'une des grandes ambitions de l'homme d'affaires, qui a été également le précurseur de l'idée d'intégration africaine, et ce, bien avant la chute des prix du pétrole. Sur le plan sportif, le regretté Azzoug a contribué à la renaissance de l'USMA d'Alger, son mécénat et ses activités de sponsoring du club algérois ont réussi à redorer le blason de l'équipe de Soustara. Beau gosse, comme l'appelaient affectueusement ses petits-enfants, il aimait se retrouver auprès les siens à Thougenseft, au pied d'Azrou n'tiri, où il s'est distingué par sa générosité et son esprit altruiste ; de bonnes actions auprès des nécessiteux ont été menées avec beaucoup de pudeur et de désintéressement. Le digne représentant des Ath wadhella, qui a été hospitalisé la semaine dernière à l'hôpital Lamine Debbaghine de Bab El Oued, a rendu l'âme vendredi passé à l'âge de 83 ans, une vie digne et fière face aux peines de la vie. Gloire à nos martyrs !