Au beau milieu de la route nationale reliant Boufarik à Chebli, en bifurquant à droite, on peut découvrir, trois kilomètres plus loin, tapi au milieu des orangeraies, le grand douar de Maâsouma. Les habitants rencontrés sur place n'ont pas manqué l'occasion d'exprimer leur ras-le-bol en déplorant les mauvaises conditions dans lesquelles ils vivent. Avant même de les aborder, nous avons constaté de visu l'état de dégradation avancée des chemins où les crevasses et les nids-de-poule constituent un décor permanent. Un énorme cratère barre le passage sur la route principale, elle aussi en piteux état. « On est venus creuser il y a un mois pour réparer une fuite d'eau, mais les travaux n'ont jamais repris », nous explique un habitant. Celui-ci soulèvera également le problème de l'absence de plusieurs commodités et le manque de projets d'investissements et d'équipements publics. Un villageois nous dira à ce sujet : « Notre seule ressource vient de l'entretien d'une pépinière en période hivernale. Les autres saisons, c'est le chômage. Nos jeunes, en l'absence de structures culturelles et sportives, sont livrés à eux-mêmes et, faute de loisirs, ils deviennent une proie facile pour les fléaux tels que la drogue et l'alcoolisme. » Un autre habitant ajoutera : « Il n'est pas aisé pour nous de trouver un interlocuteur puisque nous dépendons de trois communes : Boufarik, Bouinan et Chebli. Allez jeter un coup d'œil au niveau du cimetière, on ne peut même pas enterrer nos morts car la route est devenue impraticable, surtout lors des intempéries ; là aussi, le chantier de bitumage n'a pas été mené à bout, laissant ainsi une voie défoncée. » L'autre problème dont souffrent les habitants est celui du non-raccordement au réseau de gaz naturel ; pourtant, les canalisations qui alimentent la commune de Chebli ne passent pas très loin. Pour les foyers démunis, la combustion du bois reste la seule perspective pour se chauffer alors qu'à l'école, il a fallu qu'un parent d'élève achète les cheminées pour installer des chauffages à mazout… Par ailleurs, la pollution constitue un autre désagrément pour les habitants. « Une entreprise de goudron dans les alentours ainsi qu'un grand égout à ciel ouvert longeant le douar en provenance de Bouinan empestent en effet l'atmosphère, surtout en été », nous révèle un villageois. En somme, dans ce grand douar de Maâsouma, les habitants restent dans l'attente des commodités les plus élémentaires.