Pas de troubles visuels, pas de douleurs, mais vous pouvez souffrir d'une affection qui peut être fâcheuse pour votre œil. Il s'agit du glaucome, une maladie insidieuse qui peut survenir à partir de l'âge de 40 ans. Le dépistage doit être systématique à partir de cet âge, selon les spécialistes. Le message est lancé par la Société algérienne d'ophtalmologie, qui estime que cette maladie doit être considérée comme chronique car elle évolue vers une cécité irréversible. 350 000 à 500 000 Algériens sont glaucomateux, mais ce chiffre reste loin de la réalité, selon le Pr Aïlem, président de la Société algérienne d'ophtalmologie qui intervenait lors d'un débat autour d'une vidéoconférence organisée par les laboratoires Pfizer sur l'impact socioéconomique du glaucome, débat qui s'est déroulé en novembre 2008 aux Etats-Unis. Il signale que cette maladie est méconnue en Algérie, alors qu'elle est réellement grave lorsqu'elle n'est pas diagnostiquée et prise en charge à temps. « Pas moins de 100 000 patients sont pris en charge chez nous. Ce qui montre que la maladie n'est pas encore connue du grand public et même des professionnels de santé. C'est pourquoi il est urgent de lancer des campagnes de sensibilisation ainsi qu'un dépistage au sein des populations à risque. Il faut expliquer que cette maladie, dont l'étiologie reste inconnue, peut survenir chez une personne qui ne souffre d'aucune douleur ni de troubles visuels. Seuls un dépistage, une consultation chez un ophtalmologue, permettent de détecter une forme débutante de cette maladie et d'agir en urgence, car il s'agit d'un maladie incurable. Les facteurs de risque existent, signale-t-il. Ce sont principalement l'âge, l'héridité, la myopie sévère, une hypertension artérielle », a-t-il souligné en précisant que la tension oculaire est l'une des caractéristiques du glaucome. Il faut alors, dit-il, une sensibilisation au sein des populations, comme cela est fait pour l'hypertension artérielle, et ne pas confondre cette maladie avec la cataracte. Le Pr Garout, vice-président de la Société algérienne d'ophtalmologie et chef de service à l'hôpital de Aïn Njaâdja, a, quant à lui, insisté sur la gravité de la maladie qui, explique-t-il, « s'accompagne en général d'une élévation de la pression oculaire, entraînant une destruction lente du nerf optique, pouvant aboutir à la perte totale de la vue. Selon les deux médecins, il existe différentes formes de glaucomes. Le glaucome « à angle ouvert est celui que nous rencontrons chez la majorité des patients, il représente 90% des glaucomateux », a précisé le Pr Aïlem. Pour lui, l'essentiel, aujourd'hui, est de penser à dépister systématiquement cette maladie dès l'âge de 40 ans, d'autant qu'elle ne présente aucun signe. Les pouvoirs publics doivent ainsi se pencher sur cette maladie, sachant que le nombre d'aveugles en Algérie atteint des proportions alarmantes. L'on signale 30 000 non-voyants et l'Algérie est l'un des rares pays en Afrique à avoir éradiqué la cataracte. Ce chiffre ne reflète pas la réalité, selon le chef de service de l'hôpital Mustapha Bacha. Il peut atteindre les 62 000, a-t-il indiqué. Ce qui se rapproche de la moyenne française. Concernant les traitements, les spécialistes affirment que les collyres sont les médicaments les plus prescrits. Ils sont souvent efficaces et les gouttes sont administrées quotidiennement et à vie, a précisé le Pr Aïlem. Le problème rencontré dans ces traitements au long cours est son observance, indique le Pr Garout en précisant que de nombreux malades abandonnent leur traitement.