Invitée de l'association culturelle Tiewinine (les sources), Lynda Chouiten, est venue présenter son premier ouvrage, le Roman des Pôv' cheveux, édité en 2018 aux éditions El Kalima. La romancière, qui est aussi une universitaire, a déjà publié deux autres ouvrages en anglais, expliquant qu'il s'agissait plutôt «de deux études à caractère académique sur Isabelle Eberhardt et sur l'autorité sous toutes ses formes, patriarcale, coloniale, etc. Les deux études ont été éditées simultanément aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne». S'agissant de son roman, l'auteure a usé de tous les artifices, voire de l'allégorie, pour expliciter le titre de son ouvrage, le Roman des Pôv' cheveux, un titre quelque peu «tiré par les cheveux», aux yeux de l'assistance. Pour narrer son histoire, qui évoque la condition humaine, l'auteure a eu recours à une subtile créativité et dans un humour débordant pour inventer ses personnages. Elle a introduit des mots du langage de rue, comme «Pôv'», au lieu de «pauvre». Elle a mis en action des poils de cheveux comme héros, autrement dit des personnages capillaires, avec tout ce qu'ils reçoivent comme maltraitance. Une dimension philosophique sur la condition humaine En effet, «les cheveux, c'est bien connu, sèment la terreur. Ils sont indésirables, méprisés, traqués partout, ils tombent dans la soupe…». L'histoire humoristique, satirique, met en relief le thème du roman de Frantz Fanon, Les damnés de la terre, avec tout son lot de «destructions ininterrompues des formes sociales indigènes et toute la complexité actuelle de la société algérienne». Le roman constitue aussi «une dimension philosophique sur la condition humaine, cloîtrée entre le bien et le mal, espoir et désillusion», expliquera encore Lynda Chouiten. Parmi les personnages qui représentent les poils de cheveux, on notera Outoudert, qui est le personnage clé, qui n'a jamais réussi quelque chose dans sa vie. Il entretient l'échec sur toute la ligne, autrement dit un personnage à l'image d'un pays en panne. Les autres cheveux, représentés par Taous, Louisa, Hadja Messaouda ou Fouzia, mettent en évidence la femme sous ses deux apparences, battante et résignée. Toutes cloîtrées entre espoir, désillusions et oppression, elles nous invitent dans un voyage enivrant. Lors de cette rencontre, l'assistance, peu habituée à ce genre de romans, a multiplié les questions pendant les débats pour s'informer sur la structure de l'ouvrage, les personnages et les intentions de la romancière. le Roman des Pôv' cheveux. Lynda Chouiten, Editions El Kalima, 202 pages Prix 600 DA.