Malgré l'augmentation des stocks pétroliers hebdomadaires américains et les mauvaises nouvelles sur le front économique, les prix du pétrole résistent et se maintiennent au-dessus des 40 dollars à New York et au-dessus des 45 dollars à Londres. Il faut dire que l'OPEP maintient la pression et fait preuve d'une grande discipline dans le respect des décisions de réduction qu'elle a prises pour équilibrer l'offre et la demande du pétrole sur le marché. La fermeté de l'OPEP a été exprimée par son secrétaire général, le Libyen Abdallah El Badri, qui intervenait jeudi au Forum de Davos. Le responsable de l'OPEP, qui a évoqué la préoccupation de l'Organisation quant à la faiblesse des prix du pétrole, a déclaré : « Nous ne sommes pas satisfaits par un baril à 40 dollars ni même à 50 dollars », en ajoutant que même avec 50 dollars le baril de pétrole, les pays producteurs de l'OPEP ne pouvaient pas avoir un revenu décent et, en même temps, investir pour une capacité supplémentaire. S'il n'y a pas d'investissement maintenant, il y aura un problème dans trois ou quatre ans lorsque la demande reprendra, a estimé le secrétaire général. Il n'y aura pas de capacité excédentaire pour répondre à la nouvelle demande, a-t-il ajouté. Pour le secrétaire général de l'OPEP, les pays membres de l'OPEP respectent les décisions de réduction prises par l'Organisation et le respect de la réduction de 2 millions de barils, décidée au mois d'octobre 2008, était proche de 100%. Pour la décision de réduire de 2,2 millions de barils par jour prise au mois de décembre à Oran et applicable à partir du 1er janvier, il a estimé qu'il s'attendait à des résultats semblables lorsque le rapport de l'OPEP sera établi le 15 février prochain. Selon les informations qu'il détient à la fin du mois de janvier, l'OPEP aura enlevé du marché environ 4,2 millions de barils par jour. Lors de sa réunion du 15 mars prochain, l'OPEP examinera la situation du marché et n'hésitera pas à prendre de nouvelles décisions s'il y a des problèmes encore, a soutenu El Badri. Le même constat a été fait jeudi par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui a indiqué en marge d'une séance du Sénat que les pays membres de l'OPEP ont commencé à appliquer à la lettre les recommandations de la réunion d'Oran, des recommandations qui portent sur une réduction de la production de 2,2 millions de barils par jour. Le ministre n'a pas non plus exclu de nouvelles réductions de la production si la chute des prix se poursuivait, car il faudra équilibrer l'offre et la demande et supprimer les stocks excédentaires. Pour le ministre, la baisse de la demande, au cours des 1er et 2e trimestres de cette année, de près de 1,4 million de barils par jour, va influer sur les prix qui devraient se raffermir aux 3e et 4e trimestres en raison de la reprise de la demande. Il a estimé que les prix vont rester stables autour de 40 et 50 dollars le baril. Sur un autre plan, le recul moins grave qu'attendu du PIB des Etats-Unis a soutenu aussi les cours du pétrole. Alors que les analystes s'attendaient à un recul de 5,4% au 4e trimestre, le recul n'a été que de 3,8% au 4e trimestre 2008 en rythme annuel. La menace de grève dans le secteur du raffinage aux Etats-Unis a été un autre facteur haussier pour les cours. Concernant les prix, le patron de BP, Tony Hayward, a estimé qu'un prix du baril de pétrole situé entre 60 et 80 dollars était nécessaire pour stimuler les investissements et assurer la croissance du secteur jeudi lors du Forum de Davos. Cette fourchette des prix était aussi nécessaire pour les pays de l'OPEP qui doivent financer des programmes sociaux et assurer les investissements dans le secteur, a-t-il soutenu. En matière d'investissement, cette fourchette des prix pourrait assurer les investissements dans les eaux profondes de l'Angola et du Brésil et dans les sables bitumineux du Canada, a indiqué le patron de BP. Hier, en fin de journée, le prix du pétrole brut américain était autour des 42 dollars le baril. Tandis que le brent de la mer du Nord était aux environs de 46 dollars.