Le peu d'intérêt manifesté pour l'adhésion à la Coopevit en 1992 avait été imputé au contexte de l'époque, celui de l'islamisme triomphant. Durant les années suivantes, celles de la décennie noire, la filière viticole a perdu des milliers d'hectares de vignobles arrachés sous la menace de mort. Mais aujourd'hui, après une relance volontariste grâce au PNDA, à quel climat reprocher la frilosité de la masse des producteurs de raisin de cuve à s'assumer et à passer à la transformation ? Incontestablement, à titre d'exemple, au fait que le chef-lieu de wilaya ait rompu de façon radicale avec sa réputation antérieure de cité où entre un bar et un autre, il y avait un autre bar. Ainsi, suite à une répression et des décisions de fermetures sujettes à caution, il ne reste plus que deux bars ouverts, alors que pour toute une wilaya qualifiée de premier centre viticole d'Algérie, il n'y a plus que quatre ou cinq débits de boissons alcoolisées qui sont encore tolérés. De la sorte, l'informel et les alcools frelatés importés clandestinement coulent dans les lieux de la marge. Quant aux lieux de convivialité vers lesquels s'est tournée même la classe moyenne, les lieux en marge des cités, les terrains vagues et les bords des routes sont l'objet d'opérations dites coup-de-poing. Enfin, autre exemple, le mot cuve est devenu à ce point tabou dans le lexique en usage au ministère de l'Agriculture. On désigne désormais le raisin de cuve sous l'euphémisme de raisin de transformation, une terminologie qui n'est propre qu'à l'Algérie.