Quand Abdelhalim Yahia Aïssa affirme que « l'Algérie est un grand acteur sur le marché mondial de la poudre de lait », il ne ment pas. Montréal. De notre correspondant Il exprime tout simplement l'influence qu'exerce la demande algérienne sur le marché mondial. C'est dire le niveau des importations algériennes de ce produit – environ 1,3 milliard de litres de lait sur les 3,5 milliards consommés par les Algériens chaque année. Quand l'Algérie a soif de lait, c'est toute la planète qui s'en ressent ! Le chargé du développement des affaires en Afrique et au Moyen-Orient chez Trudeau International, une compagnie canadienne spécialisée dans l'exportation de bovins, connaît bien l'Algérie, son pays d'origine qu'il a quitté après avoir obtenu son ingéniorat en agronomie de Institut de technologie agricole de Mostaganem et quelques années d'expérience comme cadre supérieur dans le secteur public du lait. Ceci fait de lui le pont idéal entre son marché et sa compagnie. Lors d'une rencontre avec des correspondants de la presse nationale à Montréal (Canada), et défendant clairement sa chapelle, Abdelhalim Yahia Aïssa affirme que les chemins de l'autosuffisance passent par la promotion de la production locale de lait. Une évidence. Elle ne se fera pas sans vaches de qualité supérieure qui, en l'état actuel du cheptel bovin, doivent être importées. Pour cet Algérien, vivant au Canada depuis 12 ans, une bonne politique d'importation de vaches et de semence éliminera, à terme, et l'importation de poudre de lait et celle de vaches laitières. En 2008, la facture algérienne d'importation de lait s'élevait à 1,29 milliard de dollars. Elle était de 1,06 milliard de dollars en 2007, ce qui équivaut à une hausse de 21,72%. La réussite d'une ferme moderne d'élevage repose à 75% sur l'infrastructure et le management et à 25% sur la qualité génétique des vaches. « Nous sommes prêts à fournir ces 25% à travers la race Holstein élevée au Canada », affirme-t-il, mettant en avant que le Canada dispose de la meilleure qualité de vache de race Holstein au monde, grâce à un peu plus d'un siècle d'un processus de sélection très rigoureux. Cet agronome, spécialiste dans le transfert embryonnaire, déplore que les Européens fassent croire aux éleveurs algériens que leur Holstein, qui n'est qu'une croisée, soit la meilleure au monde. Elle ne peut assurer que 5% en qualité génétique comparativement aux 25% que procure la Holstein canadienne. L'européenne donne une quantité de lait nettement inférieure à la canadienne. Abdelhalim Yahia Aïssa rappelle que sa compagnie a déjà exporté des vaches vers l'Algérie en 2002. Récemment, Trudeau International a expédié à partir de Montréal sur un vol d'Air Algérie un chargement de semence bovine pour le compte du Centre national d'insémination artificielle et d'amélioration génétique (CNIAAG). Quand on fait remarquer à Yahia Aïssa que sa compagnie n'est pas la seule canadienne à lorgner du côté du marché algérien, il est catégorique : « Ils n'ont pas la même taille que nous. D'ailleurs, ils s'approvisionnent chez nous. »