L'importation de lait en poudre va decrescendo. L'Algérie importera quelque 110.000 tonnes durant l'exercice en cours, contre près de 130.000 tonnes en 2009 et 160.000 tonnes en 2008. Les chiffres ont été annoncés par Ziani Mohamed Abdelouahab, président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, et PDG d'Arômes d'Algérie (membre de la CIPA), aux adhérents de la filière lait, lors d'une réunion qui s'est déroulée avant hier au siège social de l'entreprise. « Nous nous inscrivons dans cette démarche», a indiqué M. Ziani qui précise que «la répartition se fera équitablement, tout en tenant compte de la région dans laquelle se trouve chaque laiterie ». Selon lui, les pouvoirs publics et les opérateurs veulent éviter de retomber dans la crise de 2007, lorsque les cours du lait en poudre sur les marchés internationaux avaient été multipliés par 3, passant de 2.000 à 5.800 dollars la tonne. C'est un peu pour éviter d'être tributaire des cours et de la disponibilité de lait en poudre que l'Etat, par le biais de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), revoit à la baisse la quantité de lait en poudre importée par l'Algérie, pour favoriser le recours au lait cru par les laiteries. M.Ziani déclare, en outrer que les éleveurs et les collecteurs, membres du Comité interprofessionnel du lait (CIL), un organisme de concertation regroupant également les laiteries (transformateurs), mais également l'ONIL ainsi que des représentants des ministères du Commerce, de l'Agriculture et de la Santé, «souhaitent la suppression totale de la poudre de lait». «Nous avons exprimé notre opposition à la suppression du recours à la poudre de lait dans la fabrication du sachet de lait. La raison est toute simple : En 2009, la quantité de lait cru produite correspond à 18% (ce qui correspond à environ 400 millions de litres) de nos besoins de consommation». L'Algérie est donc encore loin de l'autosuffisance en matière de production laitière. « En 2010, on veut passer de 18 à 35%, soit environ 550 millions de litres, et atteindre une part de 50% d'ici deux ou trois ans, tout en maintenant un équilibre entre lait cru et poudre de lait, parce qu'il y a des régions où il n y a presque pas de lait de vache et d'autres où il existe un bassin laitier. C'est dans ces dernières régions que les laiteries seront encouragées à utiliser plus de lait cru.» L'autosuffisance est encore loin et le recours au lait en poudre continuera à greffer le trésor public. Le lait en poudre coûte cher au trésor pour sa subvention. Sur un coût moyen (actuel) de 250 DA/Kg, l'Etat prend en charge 100 Dinars, sans compter l'exonération de droits de douanes et autres taxes à l'importation. Avant de gagner la bataille de l'autosuffisance, du chemin reste à parcourir pour réguler la filière. Le premier obstacle concerne les quotas. Les transformateurs sont unanimes pour dénoncer les anciens quotas qui ont eu des conséquences fâcheuses sur certaines laiteries, contraintes tout simplement à mettre les clés sous le paillasson, particulièrement à l'Ouest et à l'Est du pays. Le second problème concerne les équipements à acquérir par certaines laiteries pour pouvoir traiter le lait cru. «L'Etat se dit prêt à aider les laiteries qui ne disposent pas de d'équipements pour traiter le lait de vache, afin de s'engager sur ce créneau et réduire la part de la poudre dans la fabrication du litre de lait en sachet» a affirmé M.Ziani L'autre grand souci des transformateurs de lait, c'est la révision d'un décret datant de 1993 «qui impose un prix du litre de lait en sachet à 23,35 DA, sortie d'usine, et accorde 0,5 DA pour le distributeur et 1 DA pour le revendeur», nous explique M. Ziani, ce qui, selon lui, est largement dépassé. «Ce prix, 23,35 DA, a été basé sur un salaire minimum (SMIG) à 8.000 DA. Maintenant, nous sommes à 15.000 DA. Il est donc impératif de revoir ce prix»