La librairie Kacem de Sidi Bel Abbès constitue l'un des rares établissements qui se consacrent, de nos jours, à la vente exclusive de livres, contrairement à certaines boutiques où s'entremêlent livres, trousseaux scolaires et autres articles de décoration. Située en plein centre-ville, la librairie « Kacem » a su préserver sa vocation originelle que constitue la vente d'ouvrages et manuels purement littéraires, techniques ou scientifiques. Son propriétaire, M. Zeddour Mohamed, un homme érudit maîtrisant parfaitement les langues arabe et latine, s'emploie à accomplir son métier de libraire avec passion et assiduité. Il a bien voulu nous en parler. Quel regard portez-vous sur le métier de libraire ? Je dois dire que la profession requiert un certain nombre d'exigences, parmi lesquelles figurent, en bonne place, le sens des relations humaines et de la prospection, le goût du contact public et la capacité d'information et d'orientation du lectorat. Face aux multiples pesanteurs qui affectent le métier de libraire, j'ai la modeste ambition de tenter de réanimer, un tant soit peu, l'activité en gardant l'espoir que l'initiative puisse poursuivre son chemin dans le seul but de redynamiser le métier. Que préconisez-vous dans cette optique ? Il est utile de préciser que le libraire constitue le maillon final de la chaîne de distribution du livre. Il est, de ce fait, un trait d'union entre les besoins exprimés par la clientèle et la disponibilité du livre sur le marché. Or, le marché du livre est affecté par un dysfonctionnement qui ne contribue guère à asseoir les modalités d'approvisionnement et de régulation requises pour remédier à cette carence. Il est ainsi donc impératif d'adapter les programmes d'importation de livres aux besoins réels de la société. Les importateurs doivent diversifier leurs sources d'approvisionnement en livres en s'appuyant, notamment, sur la demande potentielle du lectorat dans son sens le plus large. Il y a lieu également de réactiver les commissions de lecture qui, faut-il le préciser, ont un rôle déterminant dans l'approvisionnement du marché du livre. Quels sont vos rapports avec la clientèle ? Je tiens à préciser qu'elle est constituée de diverses couches sociales dominées, cependant, par les enseignants, les étudiants et la communauté universitaire dans son ensemble. La clientèle représente une véritable mosaïque de lecteurs qui, il faut le dire, sont avides de lecture, de savoir et de connaissance. Je dois ajouter, à ce propos, que le prix du livre doit bénéficier du soutien de l'Etat, ne serait-ce que pour certains ouvrages dont les coûts sont particulièrement hors de portée pour les bourses modestes. Il faut agir sur le prix pour le rendre accessible au lectorat qui n'échappe pas à l'érosion qui affecte son pouvoir d'achat.