L'ANP, venue à leur rescousse, a dû récupérer les individus emprisonnés au plateau à l'aide d'hélicoptères. Au total, 350 familles frappées dans toute la wilaya d'Illizi comptent maintenant sur l'aide apportée par les autorités qui viennent d'annoncer que 1 000 000 DA a été consacré pour subvenir aux besoins des rescapés. L'aide est actuellement limitée aux denrées alimentaires. L'apport du Croissant-Rouge, en matière de tentes et d'aliments pour les rescapés, est bien accueilli parce qu'il est arrivé à temps. L'eau potable était acheminée par citernes, à tous les quartiers. Mais les choses ont changé. Par contre, Sonatrach, habituée à fournir ce dont les gens ont besoin, les fait attendre alors qu'ils sont accoutumés à sa générosité. Les dégâts sont estimés à 60 milliards de centimes, dont 7 concernant l'agronomie, 3,5 l'hydraulique. Les dommages causés sur la RN 3 qui lie Illizi à Djanet, et de là à Tinalcoume, à la frontière libyenne, ont atteint 35 milliards. Les logements touchés directement ont été saccagés. La réparation est temporairement estimée à 10 milliards quant à l'électricité ainsi qu'aux besoins en eau. La situation est telle qu'il faut y remédier avec 4 milliards. Un tel événement n'a pas été vu depuis 1963. Toute la région longeant l'oued a été inondée. Le siège de l'APC, l'hôtel Zeriba et le marché ne furent pas épargnés, mais pas gravement affectés. Sans électricité ni téléphone, la ville était complètement isolée. Le wali nous assure pourtant que tout va bien et il a veillé à ce que l'eau circule à flots. Aucun fléau ne menace les habitants de Djanet. Le nombre des victimes se limite au défunt chanteur Othmane Bali. Illizi, Djanet et Bordj El Houasse sont situés près d'oueds et ne sont nullement à l'abri. Ces villes sont riveraines du fait que les ancêtres Touareg se réunissaient autour de points d'eau, notamment près des rivières, leur permettant un accès facile à l'eau, qui était puisée depuis quelques années à deux mètres de profondeur seulement quand il ne pleut pas, ou lors de saisons sèches. Les autochtones se sont alors établis dans ces régions, évitant toutefois de construire leurs habitations trop près du lit d'oued, ce qui explique maintenant l'escalade des maisons bâties jadis à Djanet. Celles-ci sont élevées sur des pics avoisinant l'oued. Mais au fur et à mesure que l'urbanisme déraciné l'emportait sur la coutume, l'expansion a fini par gagner partiellement ce terrain aplati par les inondations. Et bien que la situation ne soit pas semblable à Illizi, il est remarquable que l'ancienne localité s'attachait aux pentes qui font usage de digues appelées «hédeb». D'ailleurs, deux endroits sont tenus, l'un à l'est, l'autre à l'ouest. Et la nouvelle zone urbaine s'élargit consciemment vers le nord, loin du danger. Cependant, une nouvelle cité s'implante au sud, longeant petit à petit l'oued, qui gronde pourtant chaque année pour annoncer un péril imminent, rien qu'en sabrant après une averse la route qui mène à Djanet à la sortie de la ville, où le tombeau de Sidi Ali Ben Naoui délimite la terre. Aussi, le fort Polignac est contigu à ce lieu.