Le mouvement de protestation des chauffeurs de taxi à Constantine a pris de l'ampleur pour gagner d'autres quartiers de la ville. Hier matin, les taxis desservant l'université des Frères Mentouri, ceux des cités El Bir et des Martyrs, ont cessé toute activité, obéissant à l'ordre de débrayage spontané, initié par leurs collègues des premiers secteurs cités. Les grévistes campent mordicus sur leurs positions, à savoir qu'on leur permette de prendre le client où qu'il soit et de le déposer à n'importe quel endroit de la ville, en plus de leur désigner une station décente et viable, car ils en sont à se cacher comme « des criminels pour travailler », avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, en l'occurrence le retrait des papiers du véhicule et la mise à la fourrière systématique de celui-ci. Ils disent ne suivre aucun des syndicats censés représenter la corporation, auxquels ils retirent d'ailleurs, selon leurs dires, « toute confiance », n'ayant, estiment-ils, « rien fait pour eux ». Ils sont unanimes à dénoncer, avec une rare amertume, ce qu'ils qualifient d'« arbitraire, hogra et abus de pouvoir » de la part des agents de l'ordre qui les « pourchassent comme s'ils étaient des criminels, où qu'ils se trouvent ». Pire, ils disent que certains d'entre eux sollicitent leur service sans « payer la course ». Dans la foulée, ils relèvent également « les écarts de langage » que certains policiers se permettent avec les chauffeurs de taxi. Hier, les Constantinois ont trouvé d'énormes difficultés à dénicher un taxi, surtout au centre-ville, sachant que le mouvement de débrayage risque de durer encore.