C'est ce qu'indique la Banque d'Algérie dans son rapport sur l'évolution économique et monétaire en 2004. Ce constat de la Banque centrale vient ainsi justifier les critiques formulées, à maintes reprises, par les opérateurs économiques à l'égard des banques publiques qui, en dépit de leur situation de surliquidité, préfèrent encore être près de leurs sous que de prendre des risques en finançant des projets d'investissement. En effet, d'après le document de la Banque d'Algérie, les crédits en économie ont enregistré une croissance de 11,2% en 2004 (1535 milliards de dinars) contre 8,9% en 2003 (1380,2 milliards de dinars). Les crédits distribués au secteur privé ont représenté 18% du PIB hors hydrocarbures en 2004, indique le rapport. Le crédit intérieur (crédit à l'Etat et crédit à l'économie) a enregistré, pour sa part, une diminution de 16,1% en 2004 et de 2,5% en 2003, exprimant ainsi «l'importance de la position créditrice nette du Trésor auprès de la Banque d'Algérie face aux crédits à l'économie». Les crédits nets du système bancaire à l'Etat sont estimés à 20,6 milliards de dinars en 2004 contre 423,4 milliards en 2003 et 578,7 milliards en 2002. De plus, malgré le contexte d'excès de l'épargne sur l'investissement qui caractérise le cadre macroéconomique, «le ratio crédit/PIB reste faible comparativement aux autres pays sud-méditerranéens», constate la banque. Contrôle des banques Le contrôle sur place, mené par la Banque d'Algérie pour s'assurer de la bonne gouvernance, a touché, souligne le rapport, le contrôle intégral de 6 banques, le contrôle des opérations de commerce extérieur pour 9 institutions bancaires, le contrôle du portefeuille de 5 banques publiques et l'engagement d'enquêtes spéciales pour 4 institutions bancaires. Les résultats de ces opérations font ressortir, indique la BA, «des insuffisances dans les procédures d'octroi des crédits et dans la maîtrise de la gestion de ces derniers». En matière de contrôle des opérations de commerce extérieur, où 31 575 dossiers de domiciliation ont été contrôlés en 2004 (contre 34 395 en 2003), les résultats des vérifications ont donné lieu à l'établissement de 51 PV de constatation d'infractions correspondant à 9178 dossiers de domiciliation irrégulière. Quant au contrôle sur pièces effectué sur la base des déclarations des banques et établissements financiers, ces derniers ont été destinataires de 407 lettres, dont la grande majorité concerne les retards dans la transmission des déclarations alors que les autres correspondances concernent le non-respect des normes prudentielles et des anomalies constatées. Il est observé aussi que certaines banques connaissent des difficultés et des déficiences en matière de mise en phase avec la réglementation bancaire, de trésorerie, de démarrage de leurs activités, de respect des normes prudentielles et de maîtrise de leur management et du contrôle interne. Globalement, commente la Banque centrale, le système bancaire a enregistré une «amélioration certaine» en matière de respect du dispositif le régissant, «même si des retards persistent et qui sont dus à la déficience des systèmes d'information des banques et établissements financiers». Dette extérieure A fin 2004, la dette externe s'est établie à 21,821 milliards de dollars contre 23,353 milliards de dollars en 2003, alors qu'elle était à 33,2 milliards de dollars en 1996. L'autre constat à relever est que la dette à court terme (dette inférieure à 12 mois) reste modérée puisqu'elle ne s'élève qu'à 410 millions de dollars alors que la dette extérieure à moyen et à long terme s'est chiffrée à 21,4 milliards de dollars. Quant au ratio du service de la dette par rapport aux exportations, il est tombé à 12,6%, «confirmant ainsi le caractère soutenable de l'endettement extérieur», commente-t-elle. Pour le ratio dette extérieure par rapport au PIB, il a baissé à 25,2% en 2004. La structure de la dette extérieure à moyen et long terme met en avant l'importance des crédits de rééchelonnement qui représentent 53,1% du total de la dette à fin 2004 contre 52,8% en 2003. Il s'agit d'un élément favorable de la structure de la dette «étant donné que la dette de rééchelonnement est une dette à maturité plus longue», estime la Banque centrale. Pour le service de la dette, le principal, hors remboursement de la dette par anticipation, représente 78,2% (3,47 milliards de dollars) et les paiements d'intérêts représentent 21,8% (970 millions de dollars). Le rapport indique que le taux d'intérêt moyen de la dette extérieure est passé à 4,33% après le remboursement par anticipation de la dette, alors qu'il était de plus de 7% en 1990-1993 avant de passer à 5% depuis 1998. Une lecture de la composante des crédits extérieurs révèle que les crédits bilatéraux représentent 24,3% de la dette et se répartissant à hauteur de 64,8% de crédits commerciaux garantis et à 35,2% de crédits gouvernementaux. les crédits multilatéraux ont atteint, quant à eux, 19,7% de l'encours de la dette dont les créanciers sont essentiellement le FMI (15,4%), la Banque mondiale (24,7%), la Banque européenne d'investissement (29,5%) et la Banque africaine de développement (10,7%). En ce qui concerne les principales devises qui composent la dette extérieure, l'euro vient en premier avec 39,9%, suivi du dollar à hauteur de 39% et le yen avec 10,6%. Du point de vue géographique, la dette contractée auprès des pays de l'UE représente 64% et envers l'Amérique du Nord 19%. Marché monétaire Le marché monétaire, note la Banque centrale, «a connu la poursuite de son développement à travers des interventions plus dynamiques de la Banque d'Algérie en matière d'absorption des excédents de liquidités à mesure que le refinancement des banques est tombé à zéro depuis 2001». Quant à l'activité du marché interbancaire, «il a enregistré un flux transigé de 637,5 milliards de dinars en 2004, en hausse de 25 milliards de dinars par rapport à 2003». Le rapport a indiqué également que le Trésor public a remboursé par anticipation en 2004 un montant de 1,218 milliard de dollars de dette extérieur. Progression du PIB Le volume du PIB est en progression de 5,2% en 2004. Cette croissance significative reste toutefois inférieure à l'exceptionnelle performance de 6,9% enregistré en 2003, a relevé la Banque d'Algérie. De leur côté, favorables depuis 2000, les échanges extérieurs «contribuent fortement à la consolidation de la stabilité macrofinancière». L'excédent des échanges a augmenté de 17,9% malgré la très forte expansion des importations dont le volume est estimé à 11,5%.