C'est à travers et grâce aux différentes expressions artistiques que la culture prend son envol et s'épanouit au profit de tous. Pour parvenir à ce but, somme toute vital et légitime, «les gardiens et artisans» de la culture sont en droit de réclamer les espaces adéquats pour faire éclore leur talent et éduquer les masses. Ils ont besoin de théâtres, de galeries d'arts, de salles de cinéma, de bibliothèques… Rien n'a été fait dans ce sens. Aïn Beïda a hérité de deux salles de cinéma qui ont cessé de faire des projections depuis belle lurette. Avec l'avènement de la télévision, le 7e art n'a plus d'adeptes. Qu'a-t-on fait pour que la culture subsiste ou survive à tous les vents contraires ? L'Etat a créé des centres culturels et des maisons de jeunes pour suppléer au manque ressenti en matière d'art, de littérature, de théâtre et de cinéma. Aïn Beïda dispose de deux maisons de jeunes, l'une à la cité Saïdi Djemoï, l'autre à la cité des Résistants. L'une et l'autre essayant tant bien que mal de vulgariser la chose culturelle. Mais le manque est manifeste, d'autant qu'il n'y a ni projection de films à l'intention des cinéphiles, ni représentations théâtrales au profit des amoureux du 4e art, ni galerie d'art pour les expositions de peinture, de photos ou des objets de l'artisanat. Un assoupissement mortifère semble anesthésier la ville de Aïn Beïda où le nombre d'artistes, d'écrivains et de poètes en herbe ne se compte plus. Paradoxalement, eux-mêmes se complaisent dans cette léthargie, pour le moins étonnante, et qui s'est emparé des intellectuels jusqu'à les rendre amorphes et sans ambitions. En l'interrogeant sur cette absence de culture, un professeur m'a répondu : «Ne parlez pas à ces gens de poésie et d'art, mais offrez-leur un récital de pommes de terre !» A l'heure présente, la prestigieuse salle Al Khalifa connaît des travaux de rénovation, de même que l'ex-église qui sera transformée en auditorium. Cela en attendant l'achèvement du nouveau centre culturel qui renfermera, en plus d'une salle de projection, une bibliothèque, un atelier de peinture, un autre pour la musique et tutti quanti. Un projet éminemment ambitieux mais il faudra que les intellectuels et les artistes suivent, c'est-à-dire s'investissent chacun dans son créneau pour dynamiser ou secouer la culture au profit des masses juvéniles. Les gens ont hâte de renouer avec les belles choses de la vie, théâtre, cinéma, récitals de poésie, expositions… Sinon, c'est la régression et l'oubli.