Plusieurs cadres de l'Etat ont été écartés du poste de responsabilité pour lequel ils ont été proposés, et ce, suite à une enquête d'habilitation basée sur de fausses informations et élaborée par les services de police. Aujourd'hui, nous devons mettre fin à ce genre de dépassements, à la délation et à tout ce qui relève de la présomption », a déclaré, repris par la presse, Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), à l'ouverture des travaux d'une rencontre portant sur « les fondements juridiques et les modalités d'exécution des enquêtes administratives ». Près de 83 cadres des services actifs chargés des enquêtes administratives ont participé à ce séminaire de formation dont les travaux ont pris fin hier. Cette action, selon un responsable au niveau de la DGSN, s'inscrit dans le cadre du respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Elle fait aussi partie des réformes engagées dans la conduite des enquêtes administratives menées sur les cadres supérieurs, notamment ceux nommés par décret. Le but visé, entre autres, à travers cette manifestation est de mettre fin et d'une manière définitive aux présomptions basées sur le conditionnel et sur la vraisemblance. Désormais, a indiqué M. Tounsi, les rapports élaborés par les agents habilités devront répondre à des paramètres concrets et mesurables. « Il est anormal que les agents de police se basent sur une lettre anonyme pour l'élaboration d'un rapport sur un haut fonctionnaire ou un futur ambassadeur. Le pire est que les agents en question donnent parfois de faux renseignements sur une personnalité et ce, dans l'unique but de le casser parce qu'ils ne partagent pas ses idées politiques ou pour d'autres considérations », a souligné Khaled Amara, chargé de la communication au niveau de cette institution. M. Tounsi a reconnu que des milliers de cadres de l'Etat ont été victimes de cette pratique. La carrière a été brisée à cause de rapports sur leur compte basé sur des faits imaginaires ou sur de simples rumeurs. « Je suppose que ce genre de pratiques a empêché l'Etat algérien de compter sur la compétence de ces cadres et a également privé le pays d'une évolution réelle. Cela a découragé les cadres ayant décidé de baisser les bras et d'être avares en matière d'initiative », a précisé M. Tounsi. Le premier responsable de la DGSN a décidé de combattre ce type d'aberrations. Comment envisage-t-il de procéder alors que les responsables de ces structures et les agents d'habilitation sont toujours en place ? M. Tounsi promet de sévir d'une façon sévère. « Nous ne tolérerons plus de rapports tendancieux ou mensongers. Dorénavant, celui qui s'adonnera à ce procédé sera sanctionné. Il sera carrément révoqué du corps de la police avec l'éventualité de le poursuivre en justice. Les responsables hiérarchiques doivent jouer leur rôle et les auteurs des rapports doivent se baser sur des informations strictes et juridiquement fondées », a souligné le premier responsable de la DGSN qui estime qu'il faut l'instauration d'un régime disciplinaire. Il a précisé que des milliers de rapports, qui n'obéissent pas à des paramètres concrets, ont été brûlés par les services de la Sûreté nationale. Farouk Ksentini, président de la Commission de promotion des droits de l'homme (structure officielle), qui était présent à cette rencontre, a qualifié l'initiative de courageuse. Selon lui, les responsables de la DGSN ont reconnu officiellement qu'ils ont commis des dépassements et des aberrations. « Cette démarche est louable du fait que le premier responsable de cette institution a reconnu hautement que ses services ont fabriqué des dossiers basés sur du mensonge à l'égard de personnes honnêtes. Ce qui implique que la DGSN a fait son autocorrection et va essayer de se corriger », dira M. Ksentini, qui a indiqué que la police lorsqu'elle veut « casser » une personnalité elle le fait et quand elle veut la protéger elle le fait aussi bien. La police, à ses yeux, veut rompre avec cette tradition illégale et préjudiciable et veut effectuer un travail sérieux basé sur des vérités.