Héritier des Soudani, l'équivalent des Gnaoua dans le Sud algérien, Guem, descendant des esclaves nigériens amenés au siècle dernier dans le Sud de l'Algérie, a révolutionné le monde la percussion en en faisant une musique à part entière. Une tradition familiale centrée autour de la musique de transe lui livrera les grands secrets du diwan. Arrivé en France à l'âge de 16 ans, il donne en 1974 ses premiers cours de percussions au Centre américain du boulevard Raspail. Avec ses meilleurs élèves, il crée le Zaka Percussion avec lequel il enregistre des disques d'anthologie au Chant du monde. A la fois pédagogue et musicien courtisé, il révolutionne l'art du tambour, tout en échappant aux mélodies cadencées habituelles. N'hésitant pas à mélanger les genres et les couleurs, il prône une musique sans frontières et sans couleurs. Il a joué avec des grands noms du jazz ou de la variété, convaincu que «le rythme est en chacun de nous». Alternant morceaux calmes et montées en puissances rythmiques, les musiciens ont réussi à faire danser le public nombreux d'Ibn Zeydoun. Un jeu unique de questions-réponses, enchaîné par des explosions rythmiques, a fait succomber le spectateur au rythme défoulatoire des congas, du jdembé et de la batterie. Car, c'est bien un espace de défoulement qui a été offert, hier, pendant deux heures de concert ininterrompu. La danse a gagné toutes les générations où l'on a dansé sans tabou et sans gêne. Connu du grand public pour sa composition du générique avec le thème du «Serpent» de l'émission «ça se discute» sur France 2, il joue à présent à guichet fermé dans toutes les salles parisiennes. Sa médiatisation en ont fait un nom incontournable dans la musique world et a permis de faire connaître le monde de la percussion au grand public, à tel point que l'on a parlé du «phénomène Guem». L'artiste n'en reste pas moins un monument de la musique à percussion, toujours vivace après 25 ans de carrière, 15 albums, et une centaine de cours de danse et de percussion. L'expérience artistique, tant musicale que corporelle, s'est faite sentir, chez Guem, hier, tant le corps se meut avec les rythmes croisés des instruments. Un pari musical où la percussion devient mélodie, et où la danse accompagne la musique. Magique.