Ce n'est qu'en 1837, au lendemain de la colonisation, que le port fut réellement construit avec l'avant-port, la petite et grande darse, la jetée du Lion et le petit port de pêche de la Grenouillère. Dès le début des années 1950, grâce aux gisements de la mine de Aïn Morkha (Berrahal) puis Ouenza, Djebel Onk et El Kouif, il devint le 1er port minier du bassin méditerranéen. Avec le développement de l'agriculture de la plaine de Annaba, il devint le 1er port exportateur d'Algérie. Au lendemain de l'indépendance, c'est autour de ses 20 ha de mer que s'est développée toute l'activité économique et industrielle de la région. Cependant, son véritable décollage se situera avec l'implantation du complexe sidérurgique d'El Hadjar en 1965 et celle de plusieurs autres entreprises publiques de production, Ferrovial, Asmidal… L'on était loin de cette activité où la franchise du port, ses monopoles et lettres patentes avaient ouvert aux armateurs négociants d'Europe les portes de l'Orient et de l'Afrique avec les exportations du minerai, coton, tabac, vin, tomate et agrumes. Annuellement, ce sont des centaines de navires de gros, moyens et petits tonnages qui y mouillent. L'ascension vertigineuse du port de Annaba est brutalement stoppée par la crise qui frappe l'économie nationale à la fin des années 1980. Dès 1998, le port tente de rattraper son retard. Bien que le tissu industriel national, fierté de la cité, ait été durement touché avec la fermeture de la majorité des entreprises et la privatisation d'autres, le port a gagné des annexes et notamment le terminal a containers. Plusieurs dizaines de millions de dinars ont été consacrés ces dernières années à différentes opérations dont l'extension du port de pêche et des études pour la réalisation d'un autre au lever de l'aurore. «On a parfois le sentiment que les collectivités locales n'ont pas tout à fait conscience de la stratégie de développement du port. C'est pourquoi, il avait été décidé au niveau de l'entreprise de réaliser une étude qui restitue le tout dans une vision planétaire du port avec les stratégies basées sur les nouvelles règles du commerce et de l'économie du marché. Le port représente quelque 5000 postes de travail sur lesquels 2000 à 3000 sont directs et les autres indirects dans le minerai, la sidérurgie, les transports et les plateformes logistiques», constate sous couvert de la confidence un cadre de l'Entreprise portuaire de Annaba. Cette étude dont plusieurs dispositions ont été mises à exécution cible le développement de la zone d'influence du port dans la région et au plan national et international. Il y est mis en évidence les challenges à disputer à de féroces concurrents de la Méditerranée, d'Afrique et du Moyen-Orient. De même, le développement des deux quais Nord et Sud où l'on accueille les gros importateurs exportateurs qui veulent diffuser sur le marché international ou nord-européen. «Je dois dire, précise note notre interlocuteur, que la création d'activités à valeurs ajoutées comme l'informatisation qui aide la gestion des prestations portuaires nous a permis d'entamer notre développement et notre plan de conquête des marchés. Notre entreprise a énormément investi pour se consacrer aux conteneurs et les portiques capables de décharger des porte- conteneurs de grande capacité», a ajouté notre interlocuteur. «Nous nous sommes attelés à un plus grand développement des activités de notre entreprise», répond M. Salhi quand on lui parle des objectifs de l'Entreprise portuaire de Annaba (EPAN) dont il est le président-directeur général. Il préfère insister sur les actions entreprises qui visent selon lui à plus de rigueur et de transparence dans la gestion. Mise à niveau de l'outil de travail L'évolution qualitative du trafic figure au premier rang des attentes des cadres et travailleurs de cette entreprise. L'offensive lancée ces 3 dernières années avec des investissements dans l'acquisition d'équipements de pointe à l'image des portiques et de structures comme le terminal à containers, la réhabilitation des locaux et de la gare maritime, a permis d'affronter dans de bonnes conditions les défis d'une mondialisation inéluctable. Sur les quais du port de Annaba, l'heure est à une reprise en main rigoureuse des activités pour dépasser le cap des 4,5 millions de tonnes, niveau des activités enregistré en 2005. L'évolution qualitative de près de 13% de la catégorie marchandises générales et diverses par rapport aux vracs solides et liquides est soulignée dans le bilan des activités de l'année écoulée. Les exportations de phosphates tiennent la tête du peloton avec 775.000 t en augmentation de 2% par rapport à 2004, suivies de celles de minerai de fer 889.000 t, de charbon 769.000 t et des produits métallurgiques avec 220.000 t. L'industrie des fertilisants occupe une bonne place dans le tableau des activités de l'EPA avec 216.000 t, en augmentation de 28,57% par rapport à 2004. La libéralisation de l'économie nationale et la mise à niveau de l'outil de travail ont permis à l'EPAN de mener efficacement des actions pour ramener les importateurs exportateurs nationaux et étrangers à solliciter ses services. D'où le taux de plus de 13% enregistré en 2005 dans la catégorie marchandises générales et diverses avec une hausse de 69,64% par rapport à 2004, soit l'équivalent de 570.000 t en produits métallurgiques, 17.000 t en matériaux de construction (+88%), les huiles végétales (+33,33%) et les engrais manufacturés (+5,26%). Des actions ont été lancées pour convaincre et séduire les prestataires des services. Jusqu'à 2002, ces derniers avaient préféré se tenir à l'écart du port de Annaba où ils avaient estimé que les services des douanes étaient beaucoup complexes et trop chahutés. Ce n'est plus le cas. En effet, EPAN, douanes et police maritime travaillent de concert dans une symbiose à l'origine des résultats encourageants enregistrés ces 3 dernières années. Enrichi de données chiffrées sur la stratégie de son entreprise qui a eu a assurer le trafic de 1533 navires en entrées et sorties en 2005 (+2% par rapport à 2004), un trafic passagers en hausse de 27,53% et celui automobile de 20,28%, M. Salhi estime incontournable la communion des efforts avec l'ensemble des acteurs du secteur de l'économie dont les transports. Cette démarche ciblerait le développement des contacts avec les utilisateurs du port et la mise en œuvre des conditions allant dans le sens d'une satisfaction qualitative de leurs demandes. Déjà mise en application, elle a permis d'atteindre une remontée sensible du trafic portuaire. La récession de la fin des années 1990 a été jugulée et EPAN marque des points. Elle devrait faire mieux en 2006 et les prochaines années avec la mise à niveau de ses infrastructures et la réalisation, en coordination avec le ministère des Travaux publics, du dragage général du port. Ses objectifs visent également la modernisation des superstructures. Pour preuve, la récente acquisition de 2 grues de fortes capacités de manutention des conteneurs et des marchandises diverses et le renforcement de la sécurité du mouvement de la navigation avec la prochaine acquisition d'un nouveau remorqueur de 4000 chevaux. Cela ne l'a pas empêché d'entamer la rénovation totale du silo à céréales pour, précise le PDG de l'EPAN, «redonner au port de Annaba sa place de grand pôle de transit des céréales pour les régions de l'est du pays». EPAN affiche actuellement de grandes ambitions dont celles destinées à donner une cohésion entre tous les intervenants, à simplifier les démarches des utilisateurs et à rationaliser les actions de l'ensemble des acteurs de l'activité portuaire. Ambition aussi pour un plus grand développement des technologies de l'information avec la mise en place d'un réseau intranet et d'un site web dynamique. Ce développement devrait boucler la première étape d'une stratégie ayant pour objectif de rendre l'entreprise portuaire de Annaba plus attractive.