Les acquéreurs de 116 logements LSP, fraîchement implantés sur le route de Sidi Ahmed, ne savent plus à quel saint se vouer. L'un des bénéficiaires dira : « Notre programme a été lancé en 2004. Quatre années après, la grande majorité d'entre nous n'a pas encore pris réellement possession de ses logements. Constatez de vous-même. Qui accepterait d'habiter une cité fantôme qu'on a déjà relégué aux oubliettes avant même qu'elle soit habitée ? » Effectivement, et en dépit du site surplombant majestueusement les hauteurs de Béni Malek, les immeubles semblent pousser dans une immense tourbière. En s'y rendant, on ne peut juger si les lieux représentent une nouvelle cité ou tout simplement un chantier interminable. Tout y manque, à commencer par l'essentiel, à savoir l'eau, l'électricité, le gaz et bien sûr l'hygiène. Pour ce qui est de l'aménagement, il n'existe ni chaussée, ni trottoirs, ni éclairage public. Ceci n'empêchera pas, pour autant, une vingtaine de bénéficiaires d'occuper leurs appartements. L'évacuation des eaux usées fait défaut et des fils électriques sont « tissés » entre quelques appartements et la source de l'énergie électrique du chantier. L'AEP, pour sa part, se résume à un tuyau d'arrosage jeté par terre, et qui sert de fontaine publique devant alimenter les premiers locataires. Les habitants en veulent, en premier lieu, au promoteur, la Sarl El Alia, communément désignée par le nom de son propriétaire, Boukermouche. « Le projet accuse un retard de 16 mois. Pour nous, c'est une période assez longue et qui nous a coûté très cher ». Mais pourquoi avoir accepté de réceptionner les logements alors que la cité était encore à l'état de chantier ? A cette question, les acquéreurs répondent en précisant : « C'est vrai que nous avons réceptionné nos logements au mois d'octobre 2008, car certains d'entre nous risquaient de voir le délai intercalaire des souscriptions faites auprès de la CNEP dépassé et se voir ainsi privés. Le promoteur est responsable de cette situation, car il n'a pas respecté les délais de livraison. On a accepté cette réception, car le promoteur nous avait rassuré en nous garantissant que tous les travaux qui restaient à faire seront achevés, au plus tard, dans un mois. Or, comme vous le constatez, nous sommes au mois de mars et rien n'a été fait. C'est cette lenteur que nous dénonçons et nous demandons aux pouvoirs publics de réagir ». Des retards pénalisants Auprès du promoteur, c'est carrément un autre son cloche. M. Boukermouche acceptera de répondre aux multiples griefs retenus contre lui par les acquéreurs et dira : « C'est vrai que le chantier a enregistré un retard, qui est cependant indépendant de notre volonté, puisqu'il est essentiellement dû à la suspension décidée par les pouvoirs public, suite au phénomène du glissement qui avait concerné la région à l'époque. Pour les voiries, sachez que la situation nous incommode tout autant que les acquéreurs, car il appartient aux pouvoirs publics d'achever les travaux de connexion des réseaux et non au promoteur. En 2006 déjà, nous avions saisi la DLEP qui nous avait assuré qu'elle allait prendre en charge la voierie. Des mois après, on a de nouveau relancé, en date du 25/01/2009, le dossier, vainement. Le 16 février 2009, ce dernier est transféré à la DUC et, depuis, on attend, tout comme les citoyens. Pour l'électricité, la mise en service a été achevée en avril 2008. Il reste juste l'installation des compteurs par Sonelgaz. Pour le gaz, le raccordement allait se faire avant qu'on relève, en dernier lieu, que les compteurs étaient défectueux et Sonelgaz devrait les changer de nouveau. Pour l'AEP, tout est fin prêt, mais je ne peux raccorder le réseau pour la simple raison que le réseau d'assainissement n'est pas encore raccordé. Je ne voudrai pas être pénalisé si les eaux usées venaient à déborder et je ne raccorderai l'eau que lorsque la DUC achèvera le raccordement du réseau d'assainissement ». Et d'ajouter : « Quand on a vu qu'une quinzaine de bénéficiaires sont venus occuper leurs logements, nous leur avons permis de disposer du courant électrique à partir du compteur du chantier, je ne préciserai pas que c'est l'entreprise qui paye la facture ». Mais quand est-ce que cette cité disposera de l'ensemble des commodités ? Le promoteur dira qu'il a enclenché, à ses frais, quelques travaux, mais l'aménagement final incombe à la DUC. C'est-à-dire que les habitants vont rester longtemps encore dans une situation, à la limite, honteuse !