Les capacités du gisement solaire algérien sont évaluées à 2000 kwh/m2/an, alors que l'éolien, moins important, est estimé à 41 mégawatts/heure. La durée d'ensoleillement est estimée, elle, à 3500 heures/an, ce qui place l'Algérie parmi les pays les plus riches en potentialités dans le domaine des énergies renouvelables. Les réalisations se comptent sur le bout des doigts et le seul projet d'envergure est celui de Hassi R'mel, d'une capacité de production de 150 mégawatts. Ce projet connaît un retard de 5 ans en l'absence d'une vision claire en matière d'énergies renouvelables. Intervenant hier lors d'une conférence organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), le P-DG de New Energy Algeria (NEAL), Badis Derradji, a justifié le peu d'investissements réalisés par les coûts qu'il qualifie d'« excessivement élevés ». Selon lui, pour le seul projet de Hassi R'mel, en cours de réalisation avec le partenaire espagnol Abner, l'Algérie a investi plus de 315 millions d'euros. « Il faut avoir les moyens de sa politique. Le risque actuel consiste à faire de l'import-export pour pouvoir implanter des installations de production d'énergies renouvelables. Les quelques pays qui fabriquent les équipements ne se gênent aucunement à dicter leurs lois », a expliqué également de P-DG de NEAL, une société mise en place en 2002 par Sonatrach et Sonelgaz. Le même responsable a reconnu dans sa lancée que « le cadrage juridique mis en place depuis 2002, destiné à encourager les investissements dans les énergies renouvelables, n'a pas été suivi par des textes d'application ». Certains autres problèmes nécessitent un traitement au niveau politique, à savoir « l'accès au marché européen à moyen et à long termes, le prix de cession ainsi que la faisabilité d'une connexion électrique de milliers de mégawatts entre l'Algérie et l'Europe », a ajouté M. Derradji. Ce dernier a fait savoir, par ailleurs, qu'un plan national de développement des énergies renouvelables a été adopté pour la période 2008-2017 et prévoit la production de 17 000 mégawatts pour le marché local et 6000 MW pour les besoins d'exportation. A long terme, soit à l'horizon 2050, « les énergies renouvelables devraient représenter une proportion de 30% du plan énergétique national », a-t-il prévu. La proportion est de l'ordre de 5% seulement actuellement, d'après les chiffres de Neal. Le directeur général de BP Algeria, Akli Brihi, a estimé pour sa part que l'Algérie sera confrontée à un enjeu de taille sur le plan énergétique. « Les réserves fossiles mondiales tiendront environ 50 ans seulement. L'Algérie qui est totalement dépendante des hydrocarbures devra investir massivement dans les énergies renouvelables », a-t-il soutenu. Le DG de BP Algeria a admis que les investissements dans les énergies renouvelables « coûtent excessivement cher ». « Mais l'Algérie sera aussi confrontée à l'enjeu de voir la place du pétrole reculer dans les 45 à 50 ans à venir », a-t-il averti. Interrogé sur d'éventuels investissement de BP dans les énergies renouvelables en Algérie, M. Brihi a laissé entendre qu'« il est difficile d'établir un business modèle le mieux rentable vu les coûts des investissement dans le domaine ».