Malgré la prédominance du blé tendre français qui constitue la majeure partie des importations algériennes de céréales, une percée d'origine plus lointaine semble se confirmer au vu de la révision, par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), de la liste de ses fournisseurs, parmi lesquels on comptera à l'avenir, en plus de la Russie, des pays d'Amérique latine, dont notamment l'Argentine. Ainsi, le dernier appel d'offres lancé par l'OAIC pour l'achat, en janvier 2019, de 600 000 tonnes de blé tendre, devrait avoir, en plus de l'origine française, une origine uruguayenne et argentine. L'Argentine vient, par ailleurs, de fournir 40 000 tonnes de maïs à l'OAIC. La percée du pays latino-américain est mise en avant par l'établissement FranceAgriMer, dépendant du ministère français de l'Agriculture et de l'Alimentation qui a indiqué récemment, selon le site Terre-net, que «les blés argentins ont représenté une concurrence non négligeable ces dernières années pour les blés français en Algérie, principal débouché hors de l'Europe» . La place prépondérante de l'origine française du blé tendre importé par l'Algérie «ne devrait sans doute pas durer», soulignent également les experts français, estimant que «l'Algérie ne souhaite pas être trop dépendante du blé français en particulier et du blé européen en général». Les organismes français en veulent pour preuve le rapprochement opéré par l'Algérie avec les opérateurs russes pour des premiers essais de livraison. Dans une analyse intitulée «Avant l'arrivée des Russes, la France charge la barque algérienne», Arnaud Carpon, du site Terre-net Média, souligne que «les expéditions de blé tendre français vers l'Algérie ont bondi de 72% ces quatre derniers mois par rapport à l'an passé. Un dynamisme bienvenu des exportations avant que le principal client de la France n'ouvre son marché à la concurrence russe». Il affirme que les embarquements de blé tendre vers l'Algérie vont bon train depuis le début de la campagne de commercialisation 2018-2019 : «Ces quatre premiers mois de campagne, les embarquements cumulés vers le premier client de la France ont bondi de 72% par rapport à l'an passé. Les 2,24 Mt de blé déjà expédiés depuis début juillet représentent 82% des exportations françaises ! Pour compenser son retrait subit du marché égyptien, la France a fait de l'Algérie son premier client de blé tendre en seulement cinq ans. De 2008-2009 à 2013-2014, entre 34 et 46% des exports français étaient destinés au marché algérien. Cette part de marché était tombée à 27% en 2015-2016 avant de se redresser progressivement depuis. Pour cette campagne 2018-2019, la France profite assurément de sa position de quasi-unique pays exportateur européen, les autres pays ayant enregistré une récolte 2018 décevante à cause de la sécheresse.» Selon le site, l'Algérie devrait importer en 2018-2019 environ 7,7 millions de tonnes de blé, contre 8,2 millions de tonnes en 2017-2018 et 7,9 millions de tonnes en moyenne sur les 5 dernières campagnes. Un niveau d'importations qui devrait se poursuivre dans les années à venir, selon l'établissement français qui estime que l'Algérie «privilégie actuellement une stratégie d'autosuffisance en blé dur à l'horizon 2020. Les sols trop secs, peu adaptés à la culture du blé tendre ne permettront pas une augmentation de la production».