On ne sait pour quelle raison, Sihem Bensedrine journaliste et militante tunisienne des droits de l'homme, initiatrice de la radio indépendante Kalima, a été refoulée hier à son arrivée à l'aéroport d'Alger, en provenance de Paris sur un vol d'Air Algérie. Invitée par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, Mme Bensedrine, représentante du groupe de travail arabe de monitoring des médias AWG-MM, devait participer au programme de monitoring pour les médias initié par l'organisation dirigée par Mostefa Bouchachi. La LADDH n'a pas manqué, d'ailleurs, dans un communiqué rendu public, de s'indigner « contre cette interdiction de territoire non justifiée – les services de la PAF ne lui ont fourni aucune explication –, qui vise une militante des droits de l'homme connue pour son engagement en faveur de la démocratie en Tunisie ». Dénonçant « cette solidarité des régimes contre l'action des défenseurs des droits de l'homme dans l'espace maghrébin », la Ligue considère que « le Maghreb des peuples reste l'otage de l'union des régimes ». Sinon comment peut-on expliquer l'interdiction de séjour, récurrente et systématique, de tous les militants tunisiens des droits de l'homme en Algérie ? En 2006, c'était Khemies Chemari qui s'est vu refoulé à l'aéroport d'Alger ; avant lui c'était le journaliste Toufik Benbrik qui a essuyé la même interdiction. Selon un responsable de Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme, le refoulement de Sihem Bensedrine confirme l'existence d'une liste noire des militants des droits de l'homme qui circule. Ils sont, semble-t-il, interdits de se mouvoir dans l'espace maghrébin où les régimes tendent de plus en plus à se ressembler et à se solidariser les uns avec les autres, c'est le cas aujourd'hui des régimes algérien et tunisien. L'Algérie, qui se referme de plus en plus et s'oriente inexorablement vers un système à la Ben Ali, enregistre un autre mauvais point en refoulant Sihem Bensedrine.
