Fawzi Rebaïne ne mâche pas ses mots. Hier, au cours d'une conférence de presse au Centre international de presse (CIP), il a fait savoir que les résultats de l'élection présidentielle affichés par le département de Yazid Zerhouni frisent le ridicule et se prêtent davantage à un simulacre démocratique. «Ce scrutin présidentiel me rappelle le règne de Bokassa [ancien président de la République centrafricaine, ndlr]. C'est le début de l'an I du royaume Bouteflika. Honnêtement, j'ai cherché les soi-disant 12 millions d'Algériens qui ont plébiscité Abdelaziz Bouteflika. Je ne les ai pas rencontrés. L'ENTV est une machine de propagande. Il n'y a eu ni foules ni marées humaines dans les rues pour fêter la sacre de l'empereur. Alors où sont ces 90% de votants ?», S'est interrogé hier sur un ton amer le président de Ahd 54 qui, lui, n'a pu engranger que 0,93% de bulletins de vote dans la course à la présidentielle. Mais ceci n'a visiblement guère affecté le moral de Fawzi Rebaïne, selon lequel l'Algérie n'est toujours pas capable d'organiser une élection transparente et crédible. Le président de Ahd 54 va jusqu'à démentir le taux de participation annoncé par les autorités en affirmant que «la population n'a pas voté». «Une vie chère, des libertés étouffées, un Etat d'urgence permanent, des espaces d'expression supprimés, ce sont ces raisons qui ont poussé la population à ne pas voter dans sa majorité», relève encore Rebaïne. Revenant sur le maigre résultat qu'il a recueilli auprès des votants, Fawzi Rebaïne a fait savoir que ce dernier ne l'empêchera pas de continuer à être présent sur la scène politique. «Je n'ai pas perdu contre Bouteflika, mais j'ai perdu contre la propagande de l'ENTV, ses plans serrés et ses techniques qui font apparaître des foules là où il n'y en a pas. J'ai perdu face au temps de parole qui n'était pas respecté. Mais cela ne m'empêchera pas de continuer à militer et à proposer aux Algériens une autre alternative», a-t-il déclaré. Sur un autre chapitre, celui concernant la commission Teguia, il n'a pas hésité à l'épingler en mettant en cause sa crédibilité et son impartialité. L'ex-candidat à la présidentielle n'a pas été également tendre avec le Conseil constitutionnel. Devant un parterre de journalistes, Fawzi Rebaïne a exhibé un PV d'huissier de justice portant sur son dossier de candidature à l'élection présidentielle. Le PV en question contredit les déclarations émanant du Conseil constitutionnel à propos du dossier de Fawzi Rebaïne. Malgré cela, le président de Ahd 54 envisage de porter à la connaissance de ce Conseil des cas de fraude concrets une fois que les PV établis. Il promet de rédiger un rapport sur l'élection présidentielle algérienne pour la transmettre au secrétariat général de l'ONU. Quant aux observateurs internationaux dépêchés en Algérie, Fawzi Rebaïne a regretté que leur travail ait été limité par les agents des renseignements généraux (RG) et ceux du ministère des Affaires étrangères.Enfin, Fawzi Rebaine s'en est violement pris au troisième mandat obtenu par Abdelaziz Bouteflika. «Ce plébiscite ne donnera pas confiance au peuple. Au contraire, Bouteflika dirigera un pays sans peuple. Cette élection est une forme de hogra», s'est-il écrié en promettant en dernier lieu de continuer son combat politique pour que le pays ne demeure pas «un royaume». A. S.