Environ trois mille personnes, venues de différents pays, par solidarité avec le peuple sahraoui ont pris part, hier, à la manifestation « La chaîne humaine de mille personnes » organisée, cette année, par l'Union des femmes sahraouies. Ce grand rassemblement, auquel ont répondu des organisations féminines d'Espagne, du Portugal, de France, de Suisse, des USA, du Mexique, du Timor oriental et d'Algérie, est « une manifestation pacifique contre le mur de la honte », explique un encadreur. Tindouf De notre correspondant Ce mur de séparation que les forces d'occupation marocaine ont érigé comme frontière hermétique entre les territoires sahraouis occupés et les territoires libérés s'étend sur 1700 km avec, tout le long, comme protection, une bande d'une centaine de mètres de larges barbelées et truffée de mines antipersonnel. On estime entre 5 et 7 millions le nombre des mines « dont même la pose s'est faite de façon anarchique en contradiction avec les conventions internationales ». La manifestation, qui a débuté à 10h, au lieudit Ros Essabti à environ 70 km à l'ouest du camp des réfugiés sahraouis Chahid El Hafed (Raboni), a failli prendre une mauvaise tournure. Des jeunes manifestants sahraouis, fous de rage contre cette occupation injuste et injustifiée, voulaient en découdre avec les soldats marocains qui leur faisaient face sur les hauteurs du mur. Malgré la ceinture de sécurité mise en place par les encadreurs à une bonne distance du terrain miné pour éviter le pire, quelques jeunes sont parvenus jusqu'aux poteaux soutenant les fils barbelés qu'ils ont arrachés. L'emplacement de quelques mines détectées a été fort heureusement signalé par des objets hétéroclites. Il a fallu énormément de ténacité aux encadreurs pour calmer les esprits et maîtriser ces jeunes qui, en pleurs et difficilement, se laissaient ramener vers le gros des troupes manifestantes restées quelque peu en retrait. La longue chaîne humaine qui se donnait la main face au mur scandait des slogans dénonçant cet état de fait dans plusieurs langues, exigeant la démolition du mur de la honte. « Ce mur a séparé notre terre et nos familles et il a fait même disparaître la faune qui vivait dans cette zone », explique une des manifestantes. C'est au moment où la chaîne humaine a entamé son repli qu'une explosion a été entendue. Une mine venait de sauter arrachant le pied d'un jeune manifestant de 16 ans et blessant d'autres. On a appris que des conférences sur les droits du peuple sahraoui à l'autodétermination, les droits de la femme et des enfants ainsi que sur la prévention contre les mines ont été animées les jours précédant cette impressionnante chaîne humaine venue apporter son soutien à un peuple spolié.