Jeudi matin, alors que Ahmed Meliani et ses camarades démarrent les travaux de leur congrès à l'intérieur de la salle des conférences, Hocine Ali rassemble, dans le couloir du local, les militants acquis à sa cause et improvise un congrès. Il avance comme argument le fait qu'ils ont été empêchés par l'équipe de Meliani d'assister au congrès qui se déroule dans la salle. Il ajoute : «Qu'on me refuse l'accès, ça peut se comprendre. Mais qu'on empêche la participation aux autres membres du conseil national, ça devient intolérable.» Meliani contre-attaque et crie à une tentative de provocation et de faire capoter le congrès. A l'issue des travaux, Meliani est désigné secrétaire général par le bureau national, de même que Ali Hocine est intronisé également secrétaire général. Situation inédite qui pourrait conduire à la dissolution du MDS par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le porte-parole du congrès de Meliani, Ali Oumellal, affirme que la légalité est de leur côté. Selon lui, 135 congressistes représentant 16 fédérations ont assisté aux travaux. La plénière a voté un conseil national composé de 51 membres, élargi à 71 membres pour laisser la chance de représentation à d'autres régions. Le conseil national a procédé à l'installation du bureau national composé de 9 à 11 membres. Le SG désigné par le bureau national n'est responsable que devant ce dernier. M. Oumellal n'a pas manqué de brocarder Ali Hocine et consorts qui ont déserté les structures du MDS pendant neuf mois. «On ne peut fonder un courant au sein du MDS uniquement sur la question électorale», dira-t-il, ajoutant que les congressistes de Ali Hocine «ont élu un conseil national deux fois supérieur au nombre de congressistes». «Ce qui va nous départager, c'est la bataille politique», a-t-il conclu. Meliani, lui, rappelle que les trois exclus (Ali Hocine, Hamid Ferhi et Yacine Teguia) ont créé des structures parallèles et illégales. «Ils ont échoué à maintes reprises de tenir un congrès parallèle», indique-t-il, ajoutant qu'aucune contribution financière n'a été perçue de leur part au profit du parti. «Une lettre a été adressée à tous les militants pour confirmer leur participation. Mais ils ont refusé de confirmer leur participation au congrès et apurer leur situation financière», affirme Meliani. Il les accuse de vouloir créer un courant politique pour participer aux élections et changer la ligne du MDS. «Ils veulent nous faire croire que Bouteflika et le système en place représentent une sortie de crise et que la menace terroriste islamiste a reculé», dira Meliani, ajoutant que les conditions politiques du pays ne prêtent pas à la participation du MDS aux élections. Pour sa part, Ali Hocine indique qu'un document signé par le défunt Hachemi Cherif lui assure l'intérim jusqu'à la tenue du congrès. Il affirme que 99 militants au nom de 17 fédérations ont pris part à son congrès. Un conseil national de 61 membres et un bureau national de 13 membres ont été installés. Ali Hocine explique que les invitations envoyées par Meliani n'ont pas levé l'exclusion des 3 membres du conseil national. «On a signé un document commun reconnaissant notre participation comme courant politique», dira-t-il, ajoutant que 66 membres du conseil national ont signé une pétition contre Meliani. Ali Hocine invite Meliani, en guise de défi, de lui livrer la liste des militants et des membres du conseil national présents au congrès de ce week-end.