L'ambassadeur de la RASD à Alger, Mohamed Yeslem Beisset, considère que «c'est un échec flagrant des manœuvres» du Maroc dans ses tentatives de faire adopter par le Conseil de sécurité de l'ONU une résolution entérinant son projet d'autonomie pour le Sahara occidental. «C'est un échec cuisant pour le Maroc», a encore insisté le diplomate sahraoui qui s'exprimait, hier, lors d'une conférence de presse, à Alger, au nom du Front Polisario et du gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Aux yeux de l'ambassadeur, «le régime marocain a menti durant plus d'une année à son peuple, en prétendant avoir le soutien de la communauté internationale sur son projet d'autonomie au Sahara occidental». M. Beisset déplore le fait que «durant toute la dernière semaine, le Maroc et ses alliés ont tenté de faire adopter une résolution qui entérine le projet d'autonomie». «Mais ils n'y sont pas parvenus», a-t-il révélé. Dans la dernière mouture du texte de résolution sur le Sahara occidental qui devra être votée aujourd'hui, le Conseil de sécurité «mentionne à deux reprises que le règlement de la question sahraouie passe obligatoirement par le strict respect du droit à l'autodétermination», s'est-il félicité. Le Conseil a en effet insisté sur le fait que l'autodétermination est le fond de la question sahraouie, donc la clé de la décolonisation. Dans ce projet de résolution, dont une copie nous a été remise, le Conseil de sécurité appelle le Maroc et le Front Polisario à «engager de bonne foi des négociations sans conditions préalables, prenant en compte les développements survenus ces derniers mois, en vue de parvenir à une solution politique juste, définitive et mutuellement acceptable, qui garantirait le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Une question de décolonisation inachevée Le Conseil a, pour la première fois, lié ces négociations à l'ONU, demandant dans ce contexte au SG de l'ONU de les organiser et de les superviser. Le Conseil demande, dans ce cadre, au SG de l'ONU d'élaborer un rapport avant le 30 juin prochain, encourageant les deux parties à s'engager dans des négociations sans conditions préalables. Il s'engage également pour la prorogation du mandat de la Minurso pour une durée de six autres mois. Le Conseil de sécurité ne fait, également, dans ce texte de la résolution, que «prendre note» du projet marocain, remis le 11 avril à son SG et salue les efforts marocains en vue de trouver une solution au conflit, tout comme il prend acte de la proposition de la RASD pour la mise en œuvre du référendum d'autodétermination du 10 avril. Le conflit au Sahara occidental «a été et demeure une question de décolonisation inachevée», a affirmé M. Beisset. Le diplomate sahraoui a réitéré la «disposition du Front Polisario à parvenir à une solution pacifique du conflit», indiquant que la partie sahraouie était prête à engager des «négociations directes» avec le Maroc sous l'égide du secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-Moon, pour «permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à l'autodétermination». «Il n'y a pas de solution en dehors des négociations. Celles-ci faciliteront la mise en œuvre du référendum d'autodétermination», a-t-il dit. M. Beisset a déploré que la France, l'Espagne et les Etats-Unis soutiennent le projet d'autonomie marocain. Il a souligné qu'il était temps «pour le Maroc et ses alliés de prendre conscience que toute proposition passant par l'aliénation du peuple sahraoui est vouée à un échec certain». «Tôt ou tard, les Sahraouis voteront pour décider de leur sort. Que le Maroc ait ou non le soutien des Etats-Unis ou de la France n'y changera rien», a-t-il estimé.