Leur appréhension est motivée par le taux d'humidité élevée, la forte pluviométrie enregistrée en mars et la stagnation des eaux générée par un réseau d'assainissement inefficient. Motivée également par un développement de diverses maladies et l'apparition de champignons au niveau des spéculations céréalières. «On augurait une très bonne campagne. Malheureusement, des pluies diluviennes se sont abattues sur la région, atteignant 218 mm. Elles ont provoqué une stagnation des eaux, le ressuyage très lent des parcelles et surtout l'apparition de maladies cryptogamiques des céréales et des cultures légumières», affirme M. Amar Bahou, cadre de la chambre d'agriculture de la wilaya de Annaba. Sur le terrain, il est de plus en plus question d'infestation des feuilles de céréales par les champignons et une réduction importante de l'activité photosynthétique chez les agriculteurs. Face à cette situation et au catastrophisme exprimé par les uns et les autres, le 1er responsable local du secteur affiche une certaine sérénité. Tout en reconnaissant que des surfaces agricoles ont été effectivement atteintes, le directeur de l'agriculture de la wilaya précise : «Ce n'est pas la catastrophe, loin s'en faut. Pour la 1re fois, Annaba enregistre l'exploitation de 4000 ha en tomate industrielle. Quelque 600 à 700 ha ont été peut-être atteints par la septoriose tout autant que la pomme de terre exploitée en surface restreinte. Performance aussi en matière de céréales avec 14 000 ha de surface. Jusqu'à preuve du contraire, rien ne justifie le catastrophisme affiché par certains.» Le problème d'échaudage et d'épandage pour le traitement des spéculations a été également posé. La qualité des produits phytosanitaires proposés sur le marché est fermement remise en question suite aux mauvais résultats enregistrés par leur utilisation contre les maladies cryptogamiques telles que la rouille brune, septoriose et helmintosporiose. «Nous sommes intervenus plusieurs fois pour traiter nos parcelles, mais sans aucun effet. Les maladies et les champignons se sont sérieusement développés. C'est une catastrophe. Nous sommes convaincus que les produits phytosanitaires importés sont périmés. Nous interpellons les structures de contrôle de la qualité», précise M. Ayad, un des agriculteurs se disant victime d'un sinistre. Tous les avis convergent vers une production de blé faible à l'hectare et de mauvaise qualité. Des agriculteurs parlent même de 143 quintaux/ha, contrairement à la précédente année où l'on a enregistré 30 qx/ha. En ce qui concerne les 20 hectares de terre destinés pour la culture de la pomme de terre, l'on avance une production compromise à 80%. Bien qu'elle ait bénéficié de toutes les conditions pour un rendement optimal, la pomme de terre est infestée par le mildiou (phytophtora). Là aussi, les agriculteurs ont été confrontés à la mauvaise qualité des produits phytosanitaires lors du traitement des surfaces à base d'altérant-ridomyl et galben. Ce qui n'est pas le cas pour la tomate industrielle. Les efforts consentis par les agriculteurs, qui ont dû repiquer les plants par 3 fois sous une couverture sanitaire draconienne, ont permis de sauver une situation fortement hypothéquée face à l'offensive du mildiou. Face à l'ampleur des dégâts engendrés par ces phénomènes, les agriculteurs en appellent aux pouvoirs publics. Ils ont préconisé la mise en place de registre de déclaration de sinistre au niveau de chaque commune à l'effet de déterminer le pourcentage des pertes et de préparer les dossiers d'indemnisation au cas où la wilaya serait déclarée zone sinistrée.