La filière de la production des boissons, tous produits confondus, est soumise en Algérie à de nombreux problèmes. Activité informelle, fausses déclarations, pression fiscale et concurrence déloyale sont autant de boulets que la filière traîne péniblement. C'est ce que dénonce Ali Hamani, nouveau président de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB). Intervenant, jeudi dernier, en marge de la tenue à Alger d'une assemblée générale ordinaire consacrée à la réélection du président de l'APAB, M. Hamani considère que le marché de production de boissons est dominé à hauteur de 10% par l'activité informelle. Affirmant que « ce phénomène casse la dynamique des investisseurs dans ce créneau », M. Hamani ira même jusqu'à récuser, à demi-mot, les chiffres fournis par le Centre national du registre du commerce (Cnrc), selon lesquels, il existe1600 producteurs de boissons en Algérie. « Ce sont des chiffres administratifs. Selon une autre étude, il y a environ 376 producteurs, les autres agissent dans l'illégalité », fustige-t-il, en rappelant que certains producteurs confectionnent des boissons, notamment des jus, dans des baignoires, sans aucun respect des règles d'hygiène. Selon lui, certains produits ne sont conformes à aucune norme connue. Pourtant, la réglementation relative aux modalités d'étiquetage est claire, notamment par rapport à la dénomination du produit, la nature des ingrédients et le nom du producteur. « De nombreux consommateurs ne savent même pas faire la différence entre une boisson minérale et une eau de source (…) On ne connaît pas parfois les ingrédients des produits confectionnés, encore moins le nom du producteur », souligne le conférencier. L'APAB à déjà saisi le ministère du Commerce sur ledit sujet, dira-t-il. M. Hamani soutient que ce même ministère s'est engagé à former des « milliers d'inspecteurs » pour lutter contre ce phénomène. « On les attend toujours sur le terrain », renchérit-il. Pour ne pas rester les bras croisés, l'APAB va lancer, indique son président, une vaste campagne de communication à même de sensibiliser les consommateurs sur les vrais produits. Aussi, elle compte mener une étude sur le marché de production de boissons dans sa globalité, y compris le secteur informel. Pression fiscale Sur la question des fausses déclarations, l'APAB a ouvert un autre front de lutte. M. Hamani dit souhaiter encore la redéfinition des prix pratiqués. « Il faudrait prendre en considération les coûts des matières premières et de production. La Direction générale des impôts s'est engagée à mettre en place une cellule de travail à même de trouver une solution au problème des fausses déclarations », indique-t-il. Les producteurs de boissons sont soumis, par ailleurs, à une pression fiscale énorme que M. Hamani désigne sous le vocable de « superposition des taxes ». Pour étayer ses propos, il souligne que les producteurs « payent une taxe de 15,93% imposée sur le prix de vente de l'eau embouteillée. Cette taxe en moyenne est de 2% en Europe et de 0,8 à 4% dans les pays arabes ». Plus explicite, le président de l'APAB demande « la suppression de certaines taxes et la réduction d'autres taxes ». Pour le moment, « la DG des impôts nous a saisis pour formaliser nos doléances dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 ou la loi de finances 2010 », signale-t-il encore. Interrogé sur l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (Zale), l'orateur, même s'il dit être favorable à cette option, note toutefois que cela devrait se faire « dans le cadre d'une concurrence loyale ». D'après lui, les produits importés et qui bénéficient de subventions dans leur pays d'origine, ne devraient pas ouvrir droit aux avantages qu'offre l'adhésion à la Zale. « Par exemple, le sucre tunisien est subventionné. Dès lors, l'Algérie ne devrait pas importer ce produit. Cela est aussi valable pour le cas de l'Egypte », dira-t-il. Dans le même ordre d'idées, le président de l'Apab s'interroge sur la manière avec laquelle « la liste négative » de produits exclus des avantages de la Zale a été dressée, à l'instar des boissons alcoolisées. « Cette liste composée d'environ 43 produits n'a pas pris en considération un certain nombre de produits. Je ne sais pas comment elle a été faite. Est-ce qu'elle a été remise à nos dirigeants ? Est-ce qu'elle a été établie par nos dirigeants ? », se demande-t-il, en estimant qu'« on est en train de réfléchir avec le ministère du Commerce, le Fce et la Caci afin de mettre en place une liste négative ». S'agissant du certificat d'origine, il mentionne que l'Apab a saisi le ministère du Commerce afin d'éviter les mêmes problèmes survenus dans la cadre de l'Union maghrébine arabe(Uma). « A l'époque, des Chambres de commerce délivraient des certificats d'origine de complaisance. Il faudrait qu'il y ait un système de contrôle par le biais de nos ambassades ou d'institutions que l'Etat se doit de créer », plaide-t-il. Sur un autre chapitre, M.Hamani soutient que certains producteurs de boissons qui font dans l'exportation n'ont rien reçu de la part du Fonds de l'aide à l'exportation. « Ça coince au ministère des Finances », s'est-il contenté de dire. En somme, l'Apab est décidée à se battre pour la concrétisation de ses trois recommandations à savoir un « toilettage » des textes encadrant l'industrie des eaux embouteillées en Algérie, une réduction de la pression fiscale et une homogénéisation du système fiscal. Pour rappel, les 13 membres de l'Apab ont renouvelé jeudi dernier leur confiance à Ali Hamani. Celui-ci occupera le poste de nouveau président pour une durée de trois ans tout comme ils ont élargi à 15 le nombre des membres de leur bureau. Représentant 80% des parts du marché national de la production de boissons, l'Apab prévoit une augmentation de son chiffre d'affaires de 10% en 2009, selon M. Hamani.