Ses travaux du colloque international qui a pour thème « Traduction, pluridisciplinarité et traversée des frontières » ont débuté hier au Palais de la culture (Alger) et se poursuivront jusqu'à demain (29 avril) avec un programme qu'on est tenté de qualifier de trop ambitieux. En effet, les trois plénières et les quatre ateliers prévoient pas moins de 50 communications auxquelles il faut ajouter 11 séances-débat d'environ 15 minutes chacune et un temps finalement assez long consacré à l'ouverture solennelle durant la matinée du premier jour. En plus des Algériens, les communicants, souvent des enseignants chercheurs viennent de tout le pourtour méditerranéen (Tunisie, Liban, Turquie, Italie, France et Espagne) et les interventions sont prévues en arabe, espagnol, français et en anglais). Ce colloque, il faut le relever, fait plaisir aux étudiants de l'université d'Alger, accourus nombreux, pour profiter d'une aubaine dorénavant peu commune en Algérie. Pour ne pas tout gâcher ne voilà-t-il pas qu'une ex-ministre, Mme Boutheina Chériet, présidente du premier panel, se fait apostropher gentiment dès le début des travaux pour un rappel à l'ordre par l'auteur de la première communication. La conversation au téléphone de notre présidente de séance, du haut même de la tribune, était devenue somme toute un tantinet gênante. Qu'à cela ne tienne, notre dame Chériet remettra ça quelques dizaines de minutes plus tard ! Oubliant sans doute qu'elle présidait la première matinée des travaux et se devant par conséquent de veiller au maintien de la discipline pour réussir une bonne écoute, elle se mit à discuter (toujours au haut de la tribune) avec son voisin. Et, une deuxième fois, elle se fait, mais bien vertement, remettre à sa place. Ce banal et bénin incident mis à part et en déplorant le fait que les intervenants ont été contraints de rogner, avec quelques préjudices, leurs communications, il faut reconnaître que les thèmes abordés sont fort intéressants voire passionnants. L'intervention de Paul Balta, présentée par Mme Naïma Lafkir Lafitte, était un délice non pas seulement parce qu'elle parlait de l'évolution des cultures à travers la cuisines de la Méditerranée, mais aussi parce qu'elle mettait en évidence comment ces aires géographiques de la Marenostreum ont procédé à des échanges, se sont interpénétrées pour s'enrichir mutuellement. Erudit, chercheur infatigable, Paul Balta est allé traquer dans l'histoire et les textes sacrés des arguments pour dire que tout ou presque a été traduit afin de passer les différentes frontières et pas uniquement les terrestres. Le relais a été pris par Roland Lafitte qui alla jusqu'à l'ère de la Grèce antique pour retrouver les origines du mot « fantasia » et comment les différents peuples de la Méditerranée se le sont approprié au cours des siècles. Passons sur la communication de Mme Nacira Zellal, de l'université d'Alger et responsable de Labo Slancom trop savante. Elle est passée sur nombre de compréhensions et n'a pas dû laisser des traces dans beaucoup de têtes. L'universitaire tunisien, Abderrazak Bannour, avec le thème « Epistémologie de la traductologie » a tenté de faire la part entre cette dernière et la traduction. Les interventions à venir lors de ce colloque semblent prometteuses mais tout un chacun sait que le monde arabe ne traduit pas ou du moins très peu et, en ce domaine, il fait figure d'exception. Il vrai que les dirigeants arabes sont peu portés sur les sciences, toutes les sciences parce qu'ils appréhendent la traduction comme une discipline subversive.