L'école algérienne n'est pas épargnée par les violences sexuelles. Tel est le constat établi hier par Mme Ouchalal El Kahina et Karim Khaled, sociologues du Cread. Officiellement, pas moins de 13 000 cas de violences en milieu scolaire ont été constatés entre 2007 et 2008. Les deux chercheurs du Cread, se basant sur une étude effectuée en 2005, ont estimé que la violence en milieu scolaire reste timidement une affaire publique puisqu'elle renvoie à des agents qui la génèrent. Pour eux, parler de la violence sexuelle en milieu scolaire, c'est remettre en cause le principe égalitaire de l'école. « Le champ scolaire en Algérie est un espace social hétérogène où se produisent des rapports de domination sexuée », selon M. Khaled. Ce dernier estime que l'école, en tant qu'institution de régulation sociale, est reproductrice des rapports sociaux sexués dominants à travers des mécanismes sociaux invisibles et l'absence d'une éducation sexuelle. Les deux chercheurs du Cread ont révélé l'absence d'éducation sexuelle dans le milieu scolaire algérien. Les plus exposés aux violences sexuelles à l'extérieur de l'école sont les garçons du primaire et les filles du secondaire. Les filles sont plus exposées que les garçons aux violences sexuelles (attouchements). Les auteurs ? Ce sont les camarades, les enseignants et la direction, révèle la même étude. Quant aux parties touchées chez les filles, ce sont les mains, la poitrine et la partie intime. Alors que chez les garçons, c'est devant (le sexe). Les lieux d'attouchements sexuels sont pour la plupart plus à l'intérieur de l'école qu'à l'extérieur, pour les deux sexes. Pour le chercheur Khaled, « l'école est reproductrice des rapports sexés socialement dominants, dont l'école n'a pas régulé ses rapports en éducation sexuelle égalitaire où la sexualité est avant tout un ethos et non un acte animal ». Ainsi, ajoute-t-il, le contenu des programmes scolaires a nié ce chapitre pyramidal dans la construction sociale des élèves-éducation sexuelle (l'éducation religieuse met l'accent seulement sur les interdits). Les résultats d'une étude du Centre d'information et documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef) révèlent une reproduction des valeurs inégalitaires entre les deux sexes. « 55% des adolescents disent qu'il y a peu ou aucune table où filles et garçons s'assoient ensemble en classe. » Un tiers des adolescents (35%) déclare, selon cette étude, qu'il y en a plusieurs. Selon cette étude, malgré la mixité formelle de l'école, le rapport entre les filles et les garçons a régressé pendant les deux dernières décennies. Elle révèle un manque d'activités physiques et culturelles canalisatrices des énergies et des passions (à l'école et en dehors), surcharge des classes, déliquescence du rapport à l'éducation et à la culture, une mixité formelle qui accentue des frustrations sont des facteurs de toutes les formes de la violence à l'école.