Cependant, cette année à Adrar, les choses ne semblent pas se dérouler comme à la tradition pour ces pères de famille qui ont eu la surprise de constater que ce virus contagieux dénommé «inflation», qui ne se lasse pas de saigner les poches des ménages, n'épargne aucun sur son chemin, pas même le petit mouton local, appelé communément «Sidaoune». Certes, cette année, les chefs de foyer, particulièrement ceux à faibles revenus, sont complètement désemparés, car ils ne comprennent pas pourquoi le prix de leur bête a pu grimper ainsi. Les habitants de l'extrême sud sont souvent compréhensibles devant la hausse des prix des produits de consommation, tels que les fruits et légumes et certains aliments, liée généralement au coût du transport. Mais quand il s'agit de ce petit animal, loin de prétendre prendre la place du mouton du Nord, ou celui des Hauts Plateaux, appelé le «Blanc», personne ici ne peut alors tolérer son changement de statut. En effet, dans les régions du Touat, Gourara, Tidikelt et le Tanezrouft, et même chez les habitants voisins du Sahel, la consommation de la viande du «Sidaoune» fait partie de leur culture alimentaire, sa chair étant de loin préférée à celle du mouton blanc. La hausse soudaine du prix de ce quadrupède, dont l'entretien et l'élevage sont moins coûteux que ceux du mouton blanc, par rapport à son comportement nutritionnel, est attribuée d'abord à de la pure spéculation des maquignons ainsi qu'aux éleveurs de conjoncture. Culture alimentaire Toutefois, il est aussi important de rappeler que cette dernière décennie, le favorable développement socioéconomique de la wilaya d'Adrar a drainé un flux migratoire de plusieurs familles, venues des quatre coins du pays pour y résider. Ceci a engendré une adaptation graduelle de la consommation du Sidaoune par ces nouveaux locataires, pas pour sa chair mais plutôt pour son prix qui varie entre 300 DA et 370 DA le Kg, selon la localité, contre le Blanc qui coûte 750 DA le Kg. Même s'il y a eu un accroissement de la consommation de ce cheptel, il faudra noter qu'il existe en abondance dans la wilaya, environ 870 000 têtes de Sidaoune, 3 000 environ de mouton de laine, selon les services vétérinaire de la DSA. Car le Sidaoune, par opposition au mouton des Hauts Plateaux, évolue dans des terres dénudées et stériles, il ne vit que d'herbes sèches et grimpe souvent sur les arbres secs de type arganier pour se nourrir. Son entretient ne revient pas aussi cher que les autres races d'ovins. Ce dernier est cédé sur le marché, en cette occasion, à partir de 9 000 DA. Contrairement aux années précédentes où son prix oscillait entre 4 000 et 10 000 DA. Alors que pour le mouton Blanc, le seuil minimal est de 23 000 DA la tête.