Des malades nécessitant une transplantation hépatique (greffe du foie) attendent leur programmation depuis plusieurs mois. Le programme de transplantation initié depuis 2003 en Algérie, précisément au niveau du centre Pierre et Marie Curie, à Alger, par le chirurgien Karim Boudjema de l'hôpital de Rennes semble rencontrer d'énormes « difficultés techniques, d'où des problèmes d'organisation ». Plus d'une dizaine de malades, dont certains sont atteints de cirrhose, sont sur la liste d'attente, mais les interventions chirurgicales ne se font plus depuis deux mois. Les malades et leurs familles s'inquiètent de cet état de fait et tentent de trouver des solutions auprès des médecins traitants. Les transferts à l'étranger ne sont plus possibles et une greffe de foie coûte près de 300 000 euros avec trois mois d'hospitalisation. La CNAS ne délivre plus de prise en charge, puisque cette activité est censée être pratiquée en Algérie et un programme national a été établi. « Les malades sont ainsi pris en otage et attendent tranquillement la mort », nous dit un parent d'un malade qui s'est rendu à notre rédaction pour lancer un SOS. « Si cette intervention ne peut pas se faire en Algérie, pourquoi refuser l'envoi à l'étranger alors que le patient est assuré. A quoi servent les caisses d'assurances ? Pourquoi lancer des rappels de cotisations sous peine de pénalités si, en cas de besoin, elles ne sont pas là pour répondre ? L'Etat, à travers les services publics de santé et les assurances obligatoires, est-il capable de respecter la santé promise ou non ? La famille se réserve le droit d'engager des poursuites contre les défaillances là où elles se trouvent », a affirmé le frère d'un malade. Alertée, la presse est pour la famille l'unique moyen de sensibiliser les pouvoirs publics bien que des correspondances ont été adressées aux hautes autorités du pays. Des lettres ont été adressées au président de la République et au ministre de la Santé, en vain. Les familles sont dans un désarroi total et ne savent plus à quel saint se vouer. L'équipe chargée de ce programme affirme qu'effectivement aucune intervention n'est encore programmée pour le moment. A la question de savoir quel est le motif de cet arrêt, le professeur Graba, chef de service chirurgie au CPMC, affirme que la décision ne revient pas à lui seul. « L'activité en question dépend d'une équipe multidisciplinaire qui se réunit et étudie les dossiers pour enfin décider d'une date de l'intervention. Le CPMC accueille le malade lorsque il est prêt (bilan, exploration, etc.) ainsi que le donneur vivant », a-t-il souligné avant de signaler que l'activité en question est budgétivore. Elle nécessite des moyens financiers colossaux pour assurer un plateau technique performant. Le professeur Graba signale qu'une telle intervention ne peut pas se faire si toutes les conditions ne sont pas réunies. Elle doit être soutenue de façon permanente et il faut motiver les spécialistes. Il plaide ainsi pour la création d'un comité national de greffe du foie, à l'instar des autres comités nationaux de greffes de rein et de cornée. A quand le « déblocage » de la situation ?