Hier, 21 harraga voguant sur un palangrier en direction des côtes ibériques ont été interceptés par les gardes-côtes dans les environs des îles Habibas, situées à 17 km de Bouzedjar, au large du Témouchentois. Cette nouvelle, qui rappelle Témouchent sur les devants de l'actualité, ne fait que perpétuer une réputation qui n'a plus cours. Les harraga, à l'arrestation desquels ont participé les gardes- côtes du port de Bouzedjar, étaient partis de Kristel, localité côtière située à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Oran. Sur les 21 passagers, un est de Misserghin, commune située dans les environs immédiats d'Oran, alors que les 20 autres sont de Chlef. A cet égard, si c'est à partir du littoral témouchentois que le phénomène de l'émigration clandestine en direction de la Costa Blanca a pris naissance, elle ne s'y manifeste plus. Les jeunes qui affluaient de toutes les régions du pays entre 2004 et 2007 préfèrent désormais d'autres points de départ, alors que ceux du Témouchentois ne semblent plus désormais intéressés par la harga. Les deux dernières tentatives avortées remontent à juin et septembre 2008, alors que l'année 2009 n'en a connue aucune. C'est plutôt la sardine qui s'est fait harrag , vous dit-on, elle qui a déserté le littoral témouchentois. Ce dernier est devenu le réceptacle des cadavres de harraga, en particulier des Subsahariens qui partent du Maroc et que le gharbi ramène. C'est dire combien Djamel Ould Abbès s'est ridiculisé la semaine dernière lors de sa visite éclair qu'il a effectuée à Témouchent, lorsqu'il a supplié les harraga de son « douar », selon son expression, puisqu'il est Témouchentois, de « cesser de porter atteinte à l'image du pays ». Que s'est-il passé pour que la source se soit tarie ? Il y a deux phénomènes conjugués. Tout d'abord, les chantiers ouverts sur le littoral (ceux de Medgaz, la centrale électrique, la station de dessalement) ont absorbé toute la main-d'œuvre qualifiée et en partie celle qui l'est moins, résidant dans les communes côtières, dans des emplois bien rémunérés. Par ailleurs, le quadrillage sécuritaire du littoral mis en place pour faire cesser l'émigration clandestine s'est révélé dissuasif. Il a même été maintenu, parce qu'un second phénomène a surgi, celui de la lutte contre le trafic des stupéfiants. En effet, de plus en plus de Go Fast des contrebandiers pourchassés en mer larguent leur cargaison de résine de cannabis qui va, dérivant, vers principalement le littoral témouchentois. Ainsi, au cours du mois écoulé, plus de 30 quintaux ont été récupérés. Les gendarmes et les gardes communaux sont constamment déployés pour prendre de vitesse des jeunes qui se sont mis à la pêche aux ballots de kif flottants et se transformer en dealers occasionnels. Cela rapporte plus que de s'exiler vers l'eldorado ibérique.