Le ministère du Commerce prévoit une baisse des exportations hors hydrocarbures en 2009. L'ouverture économique et commerciale était “réclamée par tous les opérateurs privés qui avaient assuré de pouvoir assumer les conséquences de cette libéralisation”, a souligné le ministre du Commerce, avant-hier à l'hôtel Hilton d'Alger, lors de la présentation par le Forum des chefs d'entreprise de trois études sur l'ouverture du marché, l'expansion de l'informel et les dysfonctionnements du secteur de la distribution. M. El-Hachemi Djaâboub a indiqué que “l'ouverture commerciale est récente”, même s'il reconnaît que l'Algérie n'a pas bénéficié des avantages contenus dans l'accord d'association. “Mais la faute nous incombe”, a soutenu le ministre. L'administration du commerce ne partage pas le constat alarmant du Forum des chefs d'entreprise. Elle conteste même les chiffres avancés dans l'étude. “Les chiffres sont dépassés”, estime-t-on. Le directeur de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce M. Ouali Yahiaoui affirme, par exemple, que le nombre d'importateurs est de 23 500 dont 1 600 sont des entreprises étrangères, regrettant que le ministère du Commerce ne soit pas “interviewé”. Le ministre du Commerce revient une nouvelle fois sur la grande zone de libre-échange arabe, indiquant ne pas comprendre “la frilosité” des opérateurs économiques algériens. M. El-Hachemi Djaâboub a expliqué que sur 21 pays arabes, six seulement peuvent exporter vers l'Algérie. Les autres sont des marchés potentiels pour les hommes d'affaires algériens. Le ministre du Commerce relève la faiblesse des échanges entre l'Algérie et les pays arabes. En 2008, les importations algériennes en provenance des pays arabes ont atteint 1,3 milliard de dollars. Ces importations ont augmenté de 36% au 1er trimestre 2009, mais en valeur, le montant est le même que celui de l'année passée à la même période, soupçonnant “les importateurs d'avoir triché l'année passée”. M. Djaâboub relève, en outre, la faiblesse des exportations hors hydrocarbures dopée, selon lui, par les exportations des déchets ferreux et non ferreux. “Si on enlève les déchets ferreux et non ferreux, les exportations hors hydrocarbures seront encore plus réduites, d'autant que la plupart des produits exportés sont des dérivés d'hydrocarbures”, a noté le ministre. Le P-DG de Cevital “salue” l'ouverture économique décidée par les pouvoirs publics. Seulement, indique M. Issad Rebrab, “il faut que cette ouverture soit bien étudiée, pour préserver l'économie nationale et l'outil de production”. Le patron de Cevital qualifie la politique de mise à niveau telle qu'elle est menée actuellement de “leurre”. “La mise à niveau, ce n'est pas recevoir deux ou trois experts de l'Union européenne. C'est renouveler l'outil de production pour atteindre une taille critique. C'est produire à l'international pour défendre le marché intérieur”, a-t-il expliqué. “Il faut atteindre une taille critique. Et produire à des prix compétitifs et avec la qualité”, a-t-il insisté. Le P-DG de Cevital estime que si l'Algérie n'exporte pas assez hors hydrocarbures “c'est parce que nous ne produisons pas assez”. “Un taux de change défavorable aux exportations” “Il faut produire à une taille critique”, a affirmé M. Issad Rebrab, relevant les insuffisances en matière de soutien à l'export. Il évoque dans ce cadre le problème du taux de change. “À l'importation, le taux de change appliqué est de 73 dinars pour un dollar alors que pour l'exportation la Banque d'Algérie applique 70 dinars pour un dollar. Nous perdons 5% au niveau de taux de change”, a regretté le patron de Cevital. “Ce qui est important pour l'entreprise, c'est l'environnement. Il faut l'améliorer”, a-t-il plaidé. Cependant le président du Forum des chefs d'entreprise ne partage pas “complètement” l'opinion du patron de Cevital. “Le taux d'utilisation des capacités des entreprises ne dépasse pas 50%”, a-t-il affirmé. Les chefs d'entreprise divergent aussi sur le traitement du secteur informel. Si Slim Othmani, responsable de NCA, propose une amnistie fiscale, notamment pour les grossistes, en exhumant l'histoire trouble de l'Algérie, des années noires, d'autres ont exprimé leur opposition à cette solution. “Nous n'avons pas à encourager les tricheurs”, soulignent-ils. Quant aux actions de contrôle et de lutte contre la fraude, le directeur de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, M. Ouali Yahiaoui, a affirmé que les services de cette administration, qui compte quelque 5 000 agents pour plus de 1,3 million de commerçants sur le territoire national, ont opéré 900 000 interventions en 2008. “18 000 infractions ont été enregistrées et 162 000 dossiers ont été transmis à la justice, alors que 8 milliards de dinars de transferts illicites ont été bloqués aux frontières”, a-t-il relevé. “Nous ne sommes pas les seuls acteurs sur le terrain”, a ajouté M. Yahiaoui. M. R.