Les praticiens de la santé appellent à multiplier les actions de sensibilisation à l'adresse des malades souffrant de diabète et d'hypertension artérielle pour un meilleur suivi aussi bien à titre individuel que médical, sachant que les complications dans ce type de maladie peuvent entraîner l'arrêt du fonctionnement des deux reins. Le médecin-chef du centre d'hémodialyse El Ferdaous de Annaba, après avoir fait le constat déclare: «L'insuffisance rénale chronique (IRC) est en recrudescence aussi bien en Algérie que dans le monde. Cette maladie se développe sans bruit. Malheureusement, peu d'intérêt est accordé à la néphrologie en général et à ce type de maladie (IRC) en particulier. Il n'y a pas assez d'actions de sensibilisation pour prévenir de cette maladie chronique du côté des scientifiques, des praticiens et même des médias». Comme argument, il soutient que le seuil des 8000 insuffisants rénaux chroniques, officiellement dénombrés à l'échelle nationale en 2005 (dernières statistiques non réactualisées) est aujourd'hui largement dépassé. Car, note t-il, l'insuffisance rénale chronique naît de complications dans certaines maladies comme le diabète et l'hypertension artérielle. Ce qui se répercute sur le taux de prévalence de ces deux maladies en constante et inquiétante évolution dans notre pays. Pour sa part, le docteur Salah- Eddine.B, urologue exerçant à l'hôpital régional de Souk Ahras explique : « L'IRC peut être également générée par l'évolution programmée de certaines pathologies dégénérescentes. Ainsi, les traitements de suppléance sont incontournables. L'Algérie connaît actuellement un déficit chronique en terme de moyens de prise en charge des hémodialysés. Des listes d'attentes pour les séances de dialyses de malades sont nombreuses au niveau de la quasi-totalité des services spécialisés des hôpitaux et des centres d'hémodialyse privés». Aujourd'hui, l'Algérie compte 150 centres d'hémodialyse répartis à travers le territoire national, dont 110 relèvent du secteur public. Ce déficit enregistré dans le secteur privé a encouragé plusieurs investisseurs nationaux à opter pour ce créneau. Plusieurs centres d'hémodialyse ont ainsi vu le jour dans plusieurs wilayas du pays portant leur nombre à 150 unités. Celles-ci totalisent 1 611 appareils (reins artificiels). Le Dr Mokrani de la clinique El Ferdaous explique en ce sens : «Les besoins ne sont toujours pas satisfaits. Le manque d'hygiène de vie, la pauvreté qui a des incidences sur la mauvaise prise en charge des maladies comme le diabète et l'hypertension favorise la prépondérance de l'IRC. En ma qualité de néphrologue ayant pratiqué dans les secteurs public et privé, les patients apprennent leur maladie à la phase finale, c'est-à-dire au stade de l'épuration. Souvent, c'est le mauvais suivi de leur diabète ou de leur hypertension qui entraîne l'arrêt du fonctionnement des deux reins. Cette maladie se propage de manière inquiétante auprès des populations rurales et celles démunies». De par le monde, l'hémodialyse est considérée comme une étape transitoire à la greffe rénale. Néanmoins, cette dernière n'est pas très répandue dans notre pays, faute de donneurs et de banques d'organes appropriées. Pour ce qui est de la prise en charge des insuffisants, notre interlocutrice précisera que beaucoup d'efforts ont été consentis par l'Etat dans ce sens. Aujourd'hui, les séances d'hémodialyse sont à 100 % à la charge de la CNAS. Chaque séance d'hémodialyse coûte à l'Etat entre 4 800 et 5 800 DA. Au total, l'Etat débourse annuellement près de 5 milliards de DA pour la couverture sociale de cette catégorie de malades chroniques.