Pour la deuxième journée consécutive, les gérants d'auto-écoles de la wilaya de Tizi Ouzou ont observé hier un rassemblement devant la direction des transports. Les protestataires, qui ont cadenassé dans un premier temps le portail de cette institution, ont bloqué ensuite, durant toute la matinée, la rue mitoyenne en y stationnant leurs véhicules. Selon Rabhi Lyazid, président de l'Association des auto-écoles, c'est la dégradation des conditions de travail des moniteurs qui a motivé cette action. Outre l'absence de circuits d'examen sur tout le territoire de la wilaya, M. Rabhi déplore le manque d'examinateurs. « Nous avons 1 examinateur pour 28 auto-écoles contre 1 pour 12 dans d'autres wilayas. C'est très peu. » L'autre point, ayant soulevé le courroux des concernés, a trait à l'octroi d'une autorisation au profit du patron de l'ETRHB, une entreprise spécialisée dans les travaux routiers et la construction, pour l'ouverture d'un centre d'apprentissage de la conduite automobile. « Des dizaines de dossiers d'agrément de nouvelles auto-écoles et d'extension de l'activité pour les moniteurs possédant un deuxième véhicule sont bloqués depuis des années et voilà qu'on attribue illégalement un titre d'exploitation pour des personnes étrangères à la profession », s'insurge le président de l'Association des auto-écoles de la wilaya de Tizi Ouzou. Des moniteurs approchés ne cachent pas leur désarroi devant la multitude de problèmes qui entravent leur métier. « Une grande commune comme Tizi Ouzou ne dispose que de deux circuits pour 78 auto-écoles. L'apprentissage se déroule dans des conditions extrêmement difficiles. A la station de la gare routière, nous évoluons au milieu des fourgons et des incessants va-et-vient des piétons. Si le véhicule échappe au candidat, il risque de provoquer un accident. Idem au niveau du circuit aménagé près du boulevard Krim Belkacem, qui ne s'y prête aucunement à l'exercice », affirme d'un ton amer un jeune moniteur d'auto-école. D'autres intervenants se joignent à la discussion pour témoigner de la précarité de la profession. « Il y a des risques d'accident sur ces semblants de circuit. Ni les candidats ni les citoyens de passage ne sont sécurisés. Comment voulez-vous que le futur candidat apprenne dans ces conditions ? » Les mêmes contraintes inhérentes aux endroits non adéquats affectés à l'apprentissage des candidats ont été également soulevées par des directeurs d'auto-écoles exerçant à Azazga. « Nous sommes des SDF ! Nous partageons une aire de stationnement avec des chauffeurs de fourgons. La place du marché hebdomadaire où nous avions l'habitude de travailler est occupée cinq jours sur sept par des vendeurs ambulants. Parfois, on se voit obligés d'opter pour la route menant vers le village de Cheurfa. Trouvez-vous normal qu'on emmène les candidats au stade du lycée Chihani Bachir pour leur faire leurs épreuves de créneau. Sincèrement, on est déboussolés ! » Tizi Ouzou dispose de 265 auto-écoles, dont 78 sont implantées au niveau du chef-lieu de wilaya. L'anarchie qui caractérise ce secteur d'activité, depuis des années, la précarité de la profession et la dégradation des conditions de travail des moniteurs et par ricochet des apprenants, n'est pas sans incidence sur la qualité de la formation. La généralisation de la formule « permis assuré » jumelée à un enseignement « approximatif » a inévitablement engendré un fort taux d'accidents de la circulation. De nouvelles dispositions ont été adoptées par le ministère des Transports en vue d'améliorer la qualité de la formation des candidats.