Près de 200 citoyens, faisant partie des 694 bénéficiaires de parcelles de terrain à Bab Ezzouar dans le cadre de la construction de logements sociaux, se sont regroupés, hier, sur le site qui se trouve au sud de la commune face à la Cité U de jeunes filles d'El Alia, pour protester contre l'action menée par la wilaya déléguée de Dar El Beïda pour la récupération de cette assiette foncière « à des fins d'utilité publique ». Ces lots de terrain ont été attribués à ces citoyens en 1995. « En plus des décisions d'attribution, nous avons également des permis de construire », affirme un représentant des bénéficiaires, M. Abdellatif, et d'ajouter : « Les responsables de l'APC n'ont présenté aucun document pour étayer l'argument de l'utilité publique, qui consiste en principe en la réalisation d'un projet au profit de la population locale. Il s'agit purement et simplement d'une action qui vise la récupération de ces lots de terrain pour les donner à d'autres bénéficiaires », poursuit-il. « Le tribunal d'El Harrach a statué en notre faveur en 2000 déjà. » En effet, dans la décision de justice rendue par ce tribunal, il est stipulé que l'administration locale est tenue de poursuivre les démarches d'acquisition au profit de ces citoyens et de ne pas entraver leurs projets de construction. L'affaire a été par la suite portée à la cour d'Alger, qui a désigné six experts fonciers. « Ces derniers ont tous prouvé qu'il n'y avait pas de projet d'investissement au niveau de l'assiette foncière en question », nous explique notre interlocuteur. Ces bénéficiaires affirment que les autorités judiciaires ont rendu en leur faveur 37 décisions de justice, qui n'ont, au bout du compte, eu aucunement d'impact positif sur l'acharnement des autorités locales à leur égard. Les attributaires légaux ont même recouru à une imposition auprès du conservateur foncier, mais sans grand résultat. « Nous avons, dans des correspondances adressées au wali d'Alger ainsi qu'au wali délégué de Dar El Beïda, informé ces derniers de la nécessité d'appliquer les décisions rendues par la justice. Quant au président d'APC, nous l'avons informé par le biais d'un huissier de justice. » Au moment où cette action, qui vise à délester ces citoyens de leurs biens, se déroule en présence d'un impressionnant dispositif sécuritaire, le P/APC de Bab Ezzouar, Chemelal Youcef, s'est refusé à toute déclaration. Nos maintes tentatives pour avoir sa version des faits pour plus d'objectivité sont restées vaines. « Je ne suis pas tenu de vous répondre, et rien ne m'oblige à le faire », nous dira-t-il. Le wali délégué de Dar El Beïda, contacté aussi, nous a envoyés vers son chef de cabinet qui, lui, était injoignable. Sur le site où une entreprise a commencé à déblayer le terrain, ces citoyens bénéficiaires se sont résignés à poursuivre légalement leurs démarches en vue de recouvrer leurs droits. « Nous avons établi un état des faits par un huissier de justice, et nous allons malheureusement recourir à la justice pour la énième fois », conclut le représentant des protestataires.