Djazira, le nom de ce bidonville de Bab Ezzouar, est étrange comme l'est la situation de ses occupants. « Le site a pris ce nom parce qu'il se trouve coincé entre la cité El Djorf et les nouveaux immeubles financés par les Saoudiens. Les résidants sont là depuis le début du terrorisme. Mais qui peut les en déloger ? », s'interrogent des riverains de ces baraques. C'est un crime crapuleux qui a fait sortir ce bidonville, de loin de plus important de la commune, de l'anonymat. Des jeunes se sont affrontés sur un terrain vague à la cité Rabia Tahar voisine. La bataille rangée, qui s'est soldée par la mort d'un jeune de 24 ans, a mis aux prises des jeunes de Djazira et ceux venus d'El Harrach. La réputation de ce site de baraquements était faite avant cet incident : « L'endroit est dangereux. La police ne peut y accéder favorisant toute forme de délinquance. » « Faux », rétorquent les habitants qui assurent ne plus pouvoir subir les insultes des habitants de Bab Ezzouar et même des agents de l'APC dont l'ancien président a failli être lynché pour ses déclarations « indécentes ». Les nouveaux locataires de la mairie sont aussi catégoriques : « Plus de 70% des problèmes de l'APC seront résolus si ce site est délocalisé », assure le vice-président chargé du social, Arbane Ali. Les bâtiments en parpaing occupés étaient destinés aux employés d'une coopérative de l'imprimerie publique de la Présidence. « Ces familles se trouvaient dans des baraquements à El Alia et l'ancien délégué communal, DEC, a décidé en 1993 de les caser là provisoirement, mais depuis plus rien. Le projet de coopérative est resté en l'état et les 23 occupants ont vu l'arrivée de plusieurs autres occupants qui sont toujours là », relève-t-il en faisant remarquer que des statistiques de 2007 font ressortir que le site est composé de 355 « constructions » avec autant de familles à l'intérieur et celles-ci viennent de plusieurs wilayas de l'intérieur mais aussi des localités avoisinantes de Bab Ezzouar. « Je me suis entretenu avec des familles venues de Bouira qui m'ont montré un document établi par la gendarmerie justifiant qu'elles ont été harcelées par les terroristes. On y trouve de tout, des familles de chouhada, des sans-emploi », insiste M. Touahri, un délégué « spécial » qui s'occupe du dossier des des bidonvilles de la commune. En plus de cet élu, le vice-président assure que l'Apc a entrepris plusieurs démarches : « Notre commune n'a pas les moyens de reloger tous les occupants, mais a proposé de transformer l'espace en logements LSP », déclare-t-il. Pour les élus, ce problème connaîtra une autre tournure avec les nouvelles instructions de la Présidence. « Ce cas entre dans le cadre de l'habitat précaire. D'autres sites sont concernés à travers la commune. Mais Djazira reste la priorité de notre exécutif et de la circonscription administrative », souligne M. Touahri. Sonelgaz, partie prenante de ce projet « national », n'a pas décidé de raccorder au réseau électrique le site. « Il n'y a pas de réseau d'assainissement, ce qui rend plus difficile la vie des résidants », indique-t-il, affirmant que les enfants ont pu bénéficier de certificats de résidence pour pouvoir être scolarisés. Pour l'heure, aucune extension n'est tolérée. « 5 baraquements ont été détruits au niveau de Djazira », assure M. Touahri tout en relevant que pas moins de 25 sites de bidonvilles existent à travers la commune. « L'Apc de Bab Ezzouar a vu plus de 1600 baraquements détruits dans l'actuel terrain du quartier des affaires du Mercure », conclut-il.