Les vitres sont cassées. Les portes ne se ferment pas. Les chauffages n'existent pas. Un vent glacial souffle sur les salles de classe des établissements scolaires situés sur les hauteurs de la capitale et dans sa proche banlieue, notamment Bouzaréah, Bordj El Kiffan, Rouiba et dans les autres villes et villages du pays. Certains élèves appréhendent l'école. Ils ont peur d'entrer dans leur salle de classe où le froid est maître des lieux. Les parents, eux-mêmes, craignent pour leurs enfants. Je ne m'aventure pas à envoyer mon enfant à l'école pour qu'il n'attrape pas l'asthme ou une autre maladie faute de chauffage et à cause de la présence d'un courant d'air. En l'absence de conditions de travail appropriées, l'écolier ne peut pas assimiler le cours et l'enseignant n'arrive pas à se concentrer sur son travail. Cela implique que celui-ci ne peut en aucun cas prodiguer un cours de qualité... », disent des parents d'élèves rencontrés aux alentours de l'école Fadéla Saâdane à Chéraga. Ils en veulent énormément aux représentants locaux qui refusent, de leur avis, de répondre à leurs doléances et aux sollicitations de la première responsable de cette structure. « Le chef d'établissement a frappé à toutes les portes. Elle a saisi le wali, les responsables de l'APC. Elle s'est démenée pour faire face à cette situation, en vain. Les enseignants ont failli, à maintes reprises, recourir à une grève pour dénoncer cet état de fait, n'était l'intervention de la directrice pour calmer les esprits », affirme la mère d'une élève en cinquième année primaire. L'enfant a souffert, plusieurs fois, de crises d'asthme causées par le froid. A l'école, explique la mère, les élèves sont normalement sommés d'enlever leur manteau, mais vu le calvaire qu'ils endurent, ils sont obligés de le garder. Un fait gênant... Face à cette situation, pour éviter les absences répétées et surtout par souci de préserver la santé des enfants, certains parents ont été amenés à cotiser pour l'achat des chauffages électriques appelés communément « résistances ». Mais le comble, cette initiative n'a été d'aucun secours pour les élèves parce que le compteur de Sonelgaz placé dans cette école ne peut supporter la charge électrique générée par ce moyen de chauffage. Ce qui est encore insoutenable, ce sont les flaques d'eau qui obstruent l'entrée de cette école, poussant ainsi les élèves à les enjamber, sans omettre l'eau des pluies à l'intérieur des salles de classe. Les élèves sont donc mouillés même en se retrouvant dans leur salle de classe alors que l'eau potable n'a pas coulé dans les robinets depuis la nuit des temps... Le même scénario est reproduit dans l'école La Verte rive, située à Bordj El Kiffan, et dans d'autres établissements scolaires. Les parents ont cotisé pour acheter une « résistance », malheureusement, le problème n'a pu être résolu puisque cette petite machine n'est pas conçue pour chauffer une grande salle. En dépit de cette solution, les élèves grelottent de froid. Pour essayer d'offrir un minimum de commodités et de remédier à cette situation, une enseignante s'est équipée de clous. Des clous pour bloquer la porte de la classe faute de verrou ! Par ailleurs, dans un autre lycée à Alger, un enseignant a énuméré les problèmes auxquels sont confrontés les élèves en cette période hivernale. Celui-ci a toutefois mis l'accent sur un autre problème, à savoir l'entretien et la maintenance des équipements existants dans les établissements scolaires. « Les vitres cassées ne sont pas remplacées systématiquement. Il existe des chauffages dans des classes, mais la plupart ne fonctionnent pas, parce que soit la tuyauterie est bouchée, soit une pièce de la chaudière est usée. Sur les quatre néons éclairant la salle, un seul est opérationnel. Ce n'est pas normal », dit-t-il, en ajoutant que le problème n'est pas d'ordre financier, mais relève plutôt de la gestion.