Tifariti (Sahara occidental). De notre envoyé spécial Au-delà des festivités habituelles, les Sahraouis se montrent déterminés à relever plusieurs défis à la fois : la poursuite de la lutte pour la libération des territoires occupés et la reconstruction des zones libérées. Ils veulent prendre leur destin en main. Se référant aux résolutions du 12e congrès du Front Polisario, tenu en décembre 2007, les responsables de la RASD se mettent au travail. Sur le plan politique, ils attendent encore plus de détermination de la part de la communauté internationale pour faire avancer positivement le processus de négociation, stoppé depuis mars 2008. Ils affichent leur disponibilité à coopérer avec l'ONU en vue de résoudre la question sahraouie. Mais ils souhaitent que l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU soit plus audacieux pour imposer à la partie marocaine le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Un droit consacré par les différentes résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Venu, samedi 21 février, dans les camps de réfugiés sahraouis, le nouvel émissaire de l'ONU, Christopher Ross, a rappelé le principe de l'autodétermination des Sahraouis. Une lueur d'espoir. Cependant, eux ne se réjouissent plus de ce genres de déclarations. Ils en ont entendu des dizaines. Aujourd'hui, ils demandent du concret. Ce que la communauté internationale n'est pas en mesure de garantir depuis la signature de l'accord du cessez-le-feu. Sur le terrain, c'est toujours le statu quo ; plus de 60% des territoires sahraouis demeurent encore occupés et aucune solution ne se profile à l'horizon. L'éventuelle relance du processus de négociations sur des bases sérieuses pourrait être «la dernière chance pour le maintien de la paix», car cette situation de «ni guerre ni paix» n'arrange plus les Sahraouis. C'est ce que déclarent les responsables du Polisario et tout le peuple sahraoui dans les camps des réfugiés ou ici, à Tifariti, à 110 km du «mur de la honte» marocain. «Nous ne pouvons plus attendre», lancent les leaders politiques de la RASD. Ils brandissent la menace de la reprise de la lutte armée qu'ils ont suspendue depuis 1991. Deux choix sont proposés à l'occupant marocain : soit l'acceptation de coopérer avec la communauté internationale pour résoudre le conflit, soit la guerre. Parallèlement, le gouvernement de la RASD franchit un nouveau pas dans la perspective de reconstruire son Etat. Il décide de mettre en application l'une des résolutions les plus importante du 12e congrès du Front Polisario. Il s'agit de la reconstruction et du repeuplement des territoires libérés. A cet effet, la région de Tifariti a abrité, mercredi et jeudi derniers, une conférence internationale pour ouvrir un débat sur les possibilités de repeuplement et de reconstruction de l'ensemble des zones libérées. Mais aussi des enjeux de cette stratégie. Une stratégie qui, selon Bachir Mustapha Essayed, chef de la direction politique du Polisario, mettra «l'occupant marocain devant un dilemme». «Soit il réagit d'une manière mûre, sage et pacifique en reconnaissant le droit inaliénable des Sahraouis à l'autodétermination, soit il s'engage dans une voie obscure, celle de rompre la trêve scellée en 1991». Pour la mise en œuvre de cette stratégie, le gouvernement sahraoui veut commencer par la construction d'une université à Tifariti. Afin de faire mûrir ces idées, une rencontre similaire à celle de Tifariti devrait être organisée en mai prochain à Madrid (Espagne).