Et justement, Amar Mezdad a posé l'une des premières pierres de l'édifice littéraire amazigh aux premières années de l'indépendance aux côtés du défunt Rachid Aliche et du Dr Saïd Sadi, auteur de Askuti. Et c'est sur son écriture que des universitaires et autres spécialistes ont porté leurs regards à l'occasion de cette rencontre, mais une autre considération a présidé à ce choix. «Amar Mezdad a continué à écrire et à toucher à tous les genres de l'écriture moderne», explique Brahim Tazaghart, responsable des éditions Tira et auteur d'expression amazighe. Pour certains, Amar Mezdad c'est surtout Tafunast igujilene, son recueil de 90 poèmes, publié une première fois en 1978 à Paris dans la revue Tisuraf du groupe d'études berbères que présidait Moyha. Certains de ces poèmes ont été chantés, dont le célèbre Yemma teda hafi de Tagrawla. Pour Kamel Bouamara, docteur en littérature amazighe de l'université de Béjaïa, Tafunast igujilene est de «la poésie contemporaine» pour les nouveautés qu'elle apporte sur le double plan thématique et formel. «Il y a des thèmes qui n'ont pas été abordés par la poésie ancienne et chaque poème est intitulé et daté», analyse M. Bouamara. Mais Amar Mezdad est aussi auteur de trois romans : Id d wass (La nuit et le jour), Tagrest urghu (froid, chaleur) et ass-nni (ce jour-là) et d'un recueil de nouvelles Tughaline. Trois genres littéraires qui forment une œuvre que Saïd Chemakh, docteur en linguistique amazighe de l'université de Tizi Ouzou, qualifie de «multiforme et diverse». «Les gens voient seulement Amar Mezdad le poète, parce que sa poésie est chantée par Menad, Ideflawen. Mais il y a aussi Amar Mezdad le romancier, l'essayiste et le préfacier puisqu'il a préfacé par exemple Askuti de Saïd Sadi, nous dit Saïd Chemakh, Mezdad le traducteur aussi.» Il a participé à la traduction d'au moins trois pièces Moh prends ta valise, La Guerre des deux mille ans de Kateb Yacine et Les Martyrs reviennent cette semaine de Tahar Ouettar. Pour compléter le tableau, Saïd Chemakh nous présente aussi Mezdad qui «a joué dans Moh prends ta valise, 1er prix à Carthage». Mais l'essentiel de la rencontre, ce sont la critique littéraire, l'approche sémiotique ainsi que le débat autour de l'usage dans les manuels scolaires du texte de l'auteur militant de qui la jeune génération ne connaît que le médecin qui officie dans l'anonymat de son cabinet à Béjaïa.