Cette prise de conscience a conduit un bon nombre de pays à travers le monde à adopter, dès l'année 2000, les huit objectifs du millénaire pour le développement qui visent à éradiquer l'extrême pauvreté et la faim, améliorer la santé de la mère et de l'enfant, combattre le VIH et le sida, réaliser l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes et assurer un environnement durable. Pour cela, il est vraiment temps d'adapter l'école dans son ensemble aux enfants qui la fréquentent et ce ne sont pas les enfants qui doivent s'adapter à elle, car elle est leur propriété. L'école doit permettre à chaque enfant d'y étudier dans de bonnes conditions, quels que soient leurs difficultés ou leur handicap. Il faut vite penser à créer un nouveau type d'école, une école moderne qui assure une véritable éducation pour tous, une école qui devra faire de la diversité des enfants qu'elle reçoit, un élément majeur de sa réussite, une école qui garantit l'inclusion de tous et où sera bannie toute forme d'exclusion. L'école ne peut être et ne doit être qu'inclusive, elle a le devoir de rendre possible la réussite scolaire de tous ses élèves. Dans un monde fondé sur le savoir, cette exigence faite à l'école, demeure justifiée et légitime, dans la mesure où l'Etat met à sa disposition toutes les ressources et tous les appuis qui lui sont nécessaires pour mener à bien sa mission. Toute politique éducative qui veut bien réussir doit assurer la réussite de tous au sein d'une école pour tous, où chaque enfant puisse s'épanouir. L'Etat doit assurer une éducation inclusive qui permette de garantir à tous les élèves des chances égales d'émancipation sociale. L'école nouvelle doit avoir pour principe de rassembler, de rapprocher les élèves entre eux, de les inclure dans un cadre commun de travail, sans discrimination sociale ni géographique, elle doit être tournée vers l'avenir et s'ouvrir aux attentes et besoins réels de la société. L'offre scolaire de façon générale et les programmes scolaires et de formation en particulier doivent cibler dans leurs contenus des actions favorisant l'inclusion et prévenant l'exclusion. Il faut libérer les initiatives des enseignants et pédagogues en matière d'organisation de la vie scolaire, encourager des projets innovant qui explorent des voies nouvelles dans les domaines de l'apprentissage, des méthodes d'enseignement, d'orientation et de l'évaluation des acquis des élèves… Une bonne école inclusive doit pouvoir prendre des mesures à même de prévenir l'échec scolaire et l'exclusion. Elle doit prévoir une prise en charge précoce des jeunes à risque et assurer leur remise à niveau et leur réintégration. Aucun enfant ne doit être abandonné ni marginaliser, d'où la nécessité de renforcer les actions de dépistage dès les premières années primaires et de développer l'enseignement d'adaptation. Pour les jeunes moins chanceux et contraints de quitter prématurément l'école, il faut favoriser et faciliter leur accès à une qualification professionnelle au moyen d'une offre de formations qualifiantes et d'insertion avec des programmes et un encadrement adaptés. Et au niveau de l'enseignement moyen, il faut introduire des activités en liaison avec des parcours de découverte des métiers et des formations au profit des élèves de fin de cycle afin de renforcer les conditions de leur orientation positive. Faire tout pour que la voie professionnelle jusque-là dévalorisée aux yeux des jeunes et de leurs parents devienne une voie d'excellence, pour ainsi aboutir à une égale dignité de toutes les voies éducatives. Pour cela, il faudra valoriser davantage le niveau de qualification par le renforcement et la généralisation de l'enseignement professionnel, sanctionné par un baccalauréat professionnel préparant au monde de l'emploi, mais pouvant aussi donner accès à des formations supérieures universitaires, selon des critères spécifiques. C'est bien le cas à travers le monde et c'est bien cela que la commission de réforme a recommandé en 2001. C'est le meilleur moyen et le plus sûr pour donner confiance aux parents et pour attirer les meilleurs élèves vers la voie professionnelle. En milieu rural, développer des programmes spécifiques en faveur des populations des régions montagneuses, des Hauts-Plateaux et du Sud. Ces programmes doivent allier éducation de base et alphabétisation des parents, améliorer l'environnement et le cadre de vie des populations en matière de santé humaine, santé animale et développement des activités génératrices de revenus. Sur les plans culturel et linguistique, il faut développer et encourager des enseignements et des apprentissages dans la langue maternelle dès le jeunes âge. Et en ce qui nous concerne en Algérie, la généralisation de l'enseignement de la tamazight à tout le pays et à tous les paliers et la dispense des apprentissages dans la langue tamazight au préscolaire notamment, sont plus que nécessaires. La pluralité du peuple algérien est une richesse identitaire qu'il faut préserver, et là, l'école inclusive a un rôle primordial à jouer. L'importance et le rôle de la langue maternelle dans la transmission des apprentissages ne sont plus à démontrer, et cela nous l'avions bien souligné dans un article déjà paru dans cette rubrique (Cf. El Watan du 01 avril 2008). Par ailleurs, l'éducation dans son ensemble, doit être capable d'apporter des réponses à la crise qui frappe actuellement la planète. On n'arrivera jamais à réduire la pauvreté, à édifier des sociétés plus égalitaires, à construire une paix sociale durable, si on ne dote pas les individus de tous âges des connaissances, compétences et valeurs leur permettant de s'informer et de décider de manière responsable. Et ce n'est qu'à ce prix et seulement à ce prix, que l'école, qui a jusque-là accentué la ségrégation, les inégalités et l'exclusion, fasse sa mue et se transforme radicalement, pour devenir un lieu de savoir qui intègre en son sein tous les facteurs d'inclusion, d'intégration et de cohésion sociales. Maintenant, il faut que l'école s'adapte aux enfants qu'elle reçoit et elle ne doit plus exiger que ces derniers s'adaptent à elle. L'auteur est ancien cadre supérieur